2005 : Le littoral et les avancées scientifiques > TR 4 : Politique, droit et gestion du littoral >
Projet CorepointProjet Corepoint
Valerie Cummins, Directrice de Coastal and Marine Resources Center de l'Université de Cork, coordinatrice du programme INTERREG Corepoint (zone Europe nord et nord-ouest)
Biographie :
CUMMINS ValérieCompte rendu :
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Valerie Cummins
Transcription :
8 octobre 2005 TR4
Discours de Valerie Cummins
Intervention en anglais, traduite par Denis Bailly.
Denis Bailly : - Valérie Cummins est directrice du Centre de Recherches sur la Gestion du Littoral à l’université de Cork, et elle est coordinatrice de l’un de ces projets, que nous appelons le projet « Corepoint » auquel participent l’IFREMER et l’université de Brest. Ce programme est financé dans le cadre du programme INTERREG Nord-Ouest III B. Elle va vous en dire quelques mots.
Valérie Cummins : - Je vous remercie de votre présence et je remercie les organisateurs pour cette invitation à présenter mon expérience de mise en œuvre d’un projet très appliqué, très « de terrain » sur la gestion intégrée des zones côtières.
Je suis donc coordinatrice du projet financé par le programme INTERREG Nord-Ouest, qui s’appelle Corepoint. Je suis là aussi en tant que directrice du centre de recherche pour la gestion côtière de l’université de Cork. Cork ayant comme Brest un port très important, elle a et une très longue histoire maritime et, avec cela, une très longue histoire de développement des recherches marines au sein de son université. Le centre que je dirige est un centre qui travaille sur les questions de gestion du littoral à partir d’une approche pluridisciplinaire, et nous sommes vingt-trois chercheurs représentant tous les domaines scientifiques. J’espère faire ici la démonstration de tout l’intérêt qu’il y a, pour la gestion intégrée du littoral, de développer des recherches pluridisciplinaires. Je ferai pour cela une présentation en trois parties.
Je vais d’abord vous présenter les objectifs du programme, la structure de ses activités et, à titre d’illustration, je vous présenterai notre étude de cas, celle que nous développons dans le port de Cork. Notre projet a son origine dans les initiatives européennes en GIZC et concerne la stratégie pour la gestion intégrée des zones côtières, telle qu’elle a été définie par l’Europe depuis quelques années. Une recommandation de l’UE nous indique que les zones côtières méritent une attention particulière du fait de leur vulnérabilité, tant du point de vue environnemental que social et économique. Les problèmes sont bien évidemment très différents d’un endroit à l’autre, mais ils ont tous, à leur origine, une racine unique. Ils concernent principalement tous les enjeux de la gestion de ce littoral et, à partir de là, tous ces enjeux sont listés sur cette diapositive. Ils sont :
• le manque d’intégration des politiques publiques, tant du point de vue de l’approche par la terre que du point de vue de l’approche par la mer.
• Le manque de communication avec les acteurs, et en particulier avec le grand public et avec les acteurs de la mise en œuvre de politiques publiques.
• Le manque de communication entre les scientifiques et les décideurs.
• Le manque de moyens.
• Le manque d’expertise au niveau local, au niveau des collectivités locales.
• La disparité de l’état d’avancement de la gestion intégrée des zones côtières entre les différents Etats-membres.
C’est donc l’ensemble de ces enjeux que nous voulons traiter au sein de Corepoint et, en particulier, cet enjeu du lien entre la connaissance, l’expertise et les politiques. Les enjeux de la gestion du littoral sont à peu près les mêmes partout, même si les problèmes concrets à traiter sont différents et, donc, il y a l’espace pour une coopération transfrontalière, une coopération internationale ; l’instrument INTERREG est, en particulier, un cadre pour cela.
Ce programme est donc financé par INTERREG 3B. INTERREG est un programme de promotion de la coopération transrégionale – internationale, certes, mais aussi transrégionale. Ce sont des régions de différents pays qui, ensemble, montent des projets de collaboration, et INTERREG a été désigné comme un des instruments pour mettre en œuvre l’agenda de la gestion intégrée des zones côtières au niveau local. INTERREG constitue donc un cadre pertinent pour tester ce qui, au niveau de la recommandation, est défini comme les bonnes pratiques de la gestion intégrée des zones côtières – du moins, un certain nombre -, tester ces bonnes pratiques au niveau local et faire la démonstration des possibilités de résultats concrets sur le terrain. Le premier objectif de Corepoint est de faire de l’espace Nord-Ouest de l’Europe une région d’excellence, reconnue internationalement pour la gestion intégrée des zones côtières. C’est un objectif ambitieux. Tout d’abord, le premier objectif est de contribuer à développer les capacités au niveau local et au niveau européen, pour la mise en œuvre des programmes de gestion intégrée des zones côtières. Il faut offrir ou, du moins, proposer au niveau local des solutions appropriées à l’état des enjeux, à l’état des problèmes, il faut promouvoir la responsabilisation, la responsabilité sociale et politique pour l’environnement côtier et il faut intervenir, pousser vers la mise en œuvre de cet agenda national dont nous a parlé monsieur Le Visage. Si possible, il faut aussi atteindre toute la dynamique européenne et développer un système de gestion d’informations pour la gestion intégrée des zones côtières.
Je vais maintenant faire une brève parenthèse sur les partenariats du projet pour vous donner une idée de comment, aux travers des instruments INTERREG, se fait cette intégration entre expertises et décideurs. L’intégration d’une expertise très diverse facilite cette fameuse intégration pluridisciplinaire. Vous avez ici des universitaires, des représentants d’autorités locales et des réseaux, qui sont :
• Le CNRC, à l’université de Cork, qui est leader.
• Coastnet, qui est un réseau d’acteurs, de décideurs de la gestion du littoral basé au Royaume-Uni
• L’université d’Ulster, sur l’analyse des processus physiques.
• L’université de Galway, sur la politique maritime et les aspects juridiques.
• Aberdeen, qui traite les systèmes d’informations géographiques.
• Le Conseil du comté de Cork, qui est donc responsable de la planification du littoral.
• L’université de Cardiff qui est spécialisée dans tout ce qui est mise en place de systèmes de consultation.
• Une association qui s’appelle EUCC (European Union for Coastal Conservation) qui regroupe des membres scientifiques, des associations et des politiques dans un très grand nombre de pays.
• L’université de Gand sur les aspects de gestion écologique du littoral.
• Une entreprise privée, Envision.
• Le CEDEM (CEntre de Droit et d’Economie de la Mer), à Brest.
• Le Conseil de Safeton.
• L’IFREMER.
Notre idée est de former, littéralement, des couples experts-décideurs. Nous voulons associer les chercheurs avec des instances locales qui sont responsables de la gestion du littoral et de la mise en œuvre de politiques de planification sur le littoral. Nous avons fait six sites où, avec des opérations de terrains, les experts sont associés aux décideurs. Nous avons reçu pour cela 4,2 millions d’euros. Nous avons commencé il y a un an et nous verrons, dans deux ans, quels en sont les résultats. L’enjeu est donc vraiment de développer la recherche locale à partir des besoins, en concertation avec les décideurs locaux. Vous voyez ici que les activités sont :
• Faire le point des politiques actuelles de GIS, ce qui vient directement en relation avec la demande européenne pour faire un état des lieux.
• Mettre en œuvre les bonnes pratiques de GIS.
• Créer un centre de ressources pour l’Europe et impliquer citoyens et décideurs dans ces processus, avec un objectif à long terme de créer un pôle d’excellence en Europe du Nord-Ouest.
Tout ce qui relève de ce dernier point va être terminé bientôt et sera alors disponible sur le site de Corepoint. Ce sont donc des documents de synthèse, d’analyse… Vous avez une revue des politiques, une revue de l’état de la mise en œuvre des bonnes pratiques de gestion du littoral et puis une évaluation globale des enjeux économiques du littoral en Europe. En plus des relations qui seront établies localement pour la mise en œuvre des textes et des applications, nous allons développer un lien avec les autorités nationales, avec les lieux où se fait l’évaluation des politiques publiques au niveau national, pour essayer d’avoir ce relais entre le local et le national. Donc, au niveau régional, nous allons organiser un certain nombre de conférences, d’événements pour faire la promotion de ce projet.
Sous le thème 5, nous organisons des échanges de chercheurs entre les différents partenaires du programme. Nous organisons des événements où les experts de ce programme rencontrent les décideurs locaux pour faire une évaluation, un état des lieux et un état des enjeux au niveau local. L’expérience que nous avons faite jusqu’à maintenant montre que c’est une très bonne manière de prendre les experts et les décideurs afin de les enfermer pendant deux ou trois jours pour les faire travailler ensemble. Et, en plus de ce qui s’appelle en anglais cette « chirurgie par les experts », nous développons des modèles de cours, d’enseignement, de formation que nous testons, et nous espérons bien qu’ils pourront être largement disséminés au niveau de l’Europe. Il y a donc beaucoup d’activité de communication et de diffusion de nos travaux.
Voici une petite illustration de ce que nous faisons dans le port de Cork. Cork est un très grand port naturel, sur la côte sud de l’Irlande, et il est concerné par beaucoup d’enjeux, par beaucoup de problèmes différents. On a deux endroits qui étaient historiquement des sites très industriels, où il y avait une localisation d’industries très importantes. De plus, il y a énormément d’activités de loisirs, en particulier des activités nautiques. C’est un site qui est important pour la conservation, c’est un site RAMSAR. L’idée n’est donc pas de faire une recherche qui vise la publication scientifique, mais une recherche qui est conduite, dirigée par les besoins des politiques locales. Ce sont donc les acteurs locaux qui ont défini les priorités sur lesquelles ils veulent que nous travaillons. Ils souhaitent savoir comment on peut mesurer la capacité d’accueil en termes d’activités touristiques, d’activités de loisirs et l’impact du changement global sur le port de Cork. Nous avons donc mis en place un forum pour discuter avec tous les acteurs concernés par ces problématiques. L’enjeu pour nous est de produire la connaissance scientifique, la recherche qui va véritablement être utile aux politiques locaux et aux décideurs locaux. Voilà donc un exemple de la manière dont nous avons l’intention d’intervenir, d’apporter, de contribuer aux processus locaux, à la fois en se préoccupant de répondre à des questions très précises mais en même temps en se préoccupant de renforcer la capacité, la qualité des processus locaux de concertation et de prise de décision. De la même façon, les partenaires français de COREPOINT, l’Université de Bretagne Occidentale et IFREMER, travaillent sur deux sites ateliers, la baie du Mont Saint-Michel et le Golfe du Morbihan.
Mis à jour le 22 janvier 2008 à 15:02