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B R È V E S


Le littoral vu par les jeunes
Les webtrotteurs des lycées Vauban et Kerichen sont allés à la rencontre des jeunes des écoles de Ouessant et du Conquet et leur ont posé une question simple : Pour toi, qu'est-ce que le littoral ?

Visionnez les réponses des jeunes :
- Ecole Sainte Anne à Ouessant
- Ecole Saint Joseph au Conquet



2005 : Le littoral et les avancées scientifiques > TR 3 : Penser ensemble le littoral de demain >  Système d’Aide à l’Evaluation des Risques Sanitaires pour la qualité des eaux de baignade

Système d’Aide à l’Evaluation des Risques Sanitaires pour la qualité des eaux de baignade

Bernard Falgas, Ingénieur chimiste - Veolia Eau Grand Ouest

Biographie :

FALGAS Bernard

Compte rendu :

Voir la vidéo de Bernard Falgas


Transcription :

8 octobre 2005 TR3


Discours de Bernard Falgas

Je souhaiterais rebondir sur le micro-trottoir qui vient d’être présenté et réagir aux remarques du jeune enfant qui disait que pour lui «le littoral, c’était la prévention des pollutions».
Pour cela, je vais, à travers quelques exemples, revenir sur l’exposé de Jean-Paul Glémarec et vous présenter les partenariats que le Groupe Veolia-Générale des Eaux met en place avec les Collectivités. Le métier de Veolia-Générale des Eaux est de gérer des systèmes d’assainissement, dits systèmes globaux, pour le compte des municipalités et nous devons répondre régulièrement à leurs préoccupations.
Une de leurs demandes est de prévenir les contaminations des plages parce que, en zone littorale, la qualité des eaux de baignade est importante pour les touristes. Un autre point qui a été abordé et qui rentre aussi dans leurs inquiétudes, c’est la protection du milieu halieutique, et plus précisément la protection des parcs à moules et à huîtres. Tout cela ressort de la même problématique.
Pour illustrer mon propos, désolé pour Jean-Paul Glémarec qui est Brestois et Yvon Bonnot qui vient de Perros-Guirec, j’ai pris un exemple qui n’est pas breton, mais qui nous vient de nos amis normands et plus précisément de la Ville de Dieppe.
Que nous demandait-on ? La question des élus locaux était simple : Dans quels cas faut-il « fermer les plages », interdire la baignade ?
Pour répondre à leur demande, nous avons mis en place un certain nombre de méthodes d’identification rapides des bactéries, qui nous permettent aujourd’hui de répondre très vite à cette question. Comment cela fonctionne-t-il ?
Après un prélèvement fait le matin, nous sommes en mesure, dans les deux à trois heures qui suivent, de donner une première réponse sur la qualité bactériologique de la plage. Ces éléments permettent ensuite aux élus d’autoriser ou non l’accès à cette plage avec, bien entendu, le concours des services de l’Etat.
La méthode utilisée s’appuie tout d’abord sur une bonne connaissance du milieu, une bonne connaissance du territoire. Comme Jean-Paul Glémarec l’a évoqué, il est important en effet de mener un travail de terrain important pour identifier toutes les sources de pollution telles que les réseaux d’assainissement, la station d’épuration, tous les rejets directs, mais aussi les rejets qui peuvent venir des bateaux qui sont dans les ports.
Ensuite, nous réalisons plusieurs campagnes de mesures, puis nous mettons en oeuvre des modélisations les plus poussées possibles qui vont nous permettre de faire de la prédiction ; en effet, ce qu’on nous demande, ce n’est pas de simplement constater mais de prévoir à l’avance ce qui peut se passer et donner le maximum d’informations.
Le résultat de ces travaux a été de concevoir une interface homme-machine la plus simple possible, utilisable par des non-scientifiques, et capable d’élaborer plusieurs scénarii. Dans le cas de Dieppe, nous avons bâti 96 scénarios - 32 par temps sec et 64 par temps de pluie. Il suffit ensuite de choisir parmi ces scénarii celui qui est le plus proche de la situation rencontrée et de donner ainsi, de façon quasi-instantanée, une prévision sur les risques de contaminations des plages. Ces éléments d’aide à la décision sont présentés sous forme de graphiques, de courbes, visualisables sur un simple micro-ordinateur et sont complétées par une liste d’actions à entreprendre.



Pour vous montrer concrètement comment cela se passe, je vous propose trois fiches très simples :
La première fiche montre un écran que nous avons simplifié au maximum pour rendre la saisie la plus conviviale possible, ici, des éléments climatiques, comme le vent et la pluie.
La deuxième fiche montre des périodes et des zones, pendant lesquelles les plages ne sont pas conformes sur le plan bactériologique : couleurs rouges ; des périodes et des zones, pendant lesquelles les plages sont conformes sur le plan bactériologique : couleurs bleues indiquant que l’on peut se baigner en toute quiétude et en toute tranquillité.
La troisième fiche montre que l’opérateur peut très facilement sortir plusieurs types de simulation : par exemple, cette courbe comportant quatre «zones dangereuses» - les plages marquées en rouge représentant des périodes d’une à deux heures pendant lesquelles, il y a un risque fort d’avoir une eau de baignade non conforme -. A noter qu’à partir de cette situation et en concertation avec les services de santé, l’élu pourra prendre ou non la décision de fermer la plage. Cette modélisation visuelle permet de voir comment, en dynamique, cela se passe.
Ce que je viens de vous montrer est ce qu’on fait aujourd’hui. Mais ce n’est pas suffisant ; demain, nous irons vers des modèles de plus en plus rapides, de plus en plus précis, intégrant tout le système d’assainissement y compris ce qui peut se passer entre la Terre et la Mer, car il faut effectivement qu’on ait des couplages « Terre - Mer » très forts. Nous, Veolia-Générale des Eaux, nous avons travaillé sur la partie « Terre » car c’est vrai que c’est notre métier, sur tout ce qui concerne les bassins versants, sur tout ce qui concerne les réseaux d’assainissement. En ce qui concerne la Mer, nous collaborons avec l’IFREMER à Brest, qui travaille sur des modélisations « Mer » ; l’objectif que nous nous donnons aujourd’hui sera de proposer systématiquement ce couplage, de façon à avoir une vision vraiment globale de tout ce qui peut se passer entre un déversement sur un bassin versant – qu’il soit rejet urbain, qu’il soit rejet agricole ou rejet eaux pluviales – et son impact en mer. Cela concerne la qualité du milieu marin, bien sûr, la qualité des plages et, comme je l’avais dit en préambule, la qualité des eaux de conchyliculture.
En conclusion, je souhaiterais évoquer une opportunité pour la région Bretagne, puisque celle-ci a été labellisée au mois de juillet pour un pôle de compétitivité Mer. Ce pôle se met en place en liaison avec la région PACA sur les mêmes problématiques - et notamment sur le thème « Environnement ». Nous avons la chance d’avoir des acteurs similaires en PACA et en Bretagne mais avec deux contextes différents, puisque la Méditerranée est une mer fermée, sans marée, alors qu’en Bretagne nous avons des mers ouvertes, à marées.
La Région Bretagne détient de forts potentiels de recherche et de formation, elle est également dotée d’un riche tissu d’industriels et l’un des objectifs que s’est donné le pôle Mer dans le domaine de l’Environnement est de développer ce type de produits et de prestations. La demande est forte sur le territoire national, mais il y a aussi de fortes demandes à l’étranger. Je crois que nous avons l’opportunité et la chance, en rassemblant nos forces, aussi bien dans la région Bretagne que dans la région PACA, d’élaborer de tels produits et de les commercialiser à travers le monde. Aujourd’hui, des villes comme La Haye (Pays Bas), de même que Tanger (Maroc) sont intéressés par ce type de concept.

Sylvie Andreu : - Je retiens que vous êtes l’homme qui contrarie le projet du vacancier qui veut se baigner…

Bernard Falgas : - On ne le contrarie pas. Nous essayons d’anticiper et de faire en sorte que les plages ne soient pas fermées systématiquement par principe de précaution. C’est souvent le cas aujourd’hui puisque les résultats d’analyses sont toujours connus tardivement. Ce que nous avons essayé de développer, à travers à la fois des analyses rapides et des modélisations, c’est un système qui permet de ne fermer la plage qu’à bon escient. Nous limitons ainsi les périodes de fermeture à quelques heures et évitons ainsi qu’elles ne soient fermées un jour, deux jours, trois jours, parfois sans raison réelle.

Sylvie Andreu : - Et le système s’appelle « ColiPlage », c’est ça ?

Bernard Falgas : - ColiPlage est la partie analytique, l’analyse bactériologique rapide qui permet d’avoir un résultat en quelques heures.

Sylvie Andreu : - Et vous aviez effectué une signature avec l’Association Nationale des Elus du Littoral (l’ANEL), ce qui va donner l’occasion au président Bonnot de, peut-être, vous poser une question.

Yvon Bonnot : - Je n’ai pas de question à poser. Simplement, pour compléter ce que viens de dire Bernard Falgas, je crois en effet qu’on a abordé un des points importants car on a mis l’accent sur un domaine de responsabilité. Vous savez, les maires sont responsables de la sécurité et, pourquoi pas ? de la santé. Je veux juste vous dire que ceci n’a rien de contradictoire avec les contrôles de la DASS (Département de l’Action Sociale et de la Santé). On a toujours tendance à dire : « Oui mais la DASS le fait. » Seulement, la DASS le fait mais donne des résultats quinze jours à trois semaines après et, comme vous le disiez très justement, avec de tels délais, on applique le principe de précaution et on ferme pendant quinze jours – ce qui est impensable. Avec le modèle présenté par Veolia, on a une tendance au bout de trois heures. On n’a pas tous les résultats exacts mais on sait si c’est pollué ou pas. Là, je crois qu’il y a une prise de conscience de tous les élus qui devront, un jour ou l’autre, prendre des dispositions, parce qu’on ne peut pas aujourd’hui afficher ce fameux Pavillon Bleu , dont tout le monde pense que c’est un pavillon qui donne un crédit concernant la pollution de l’eau, alors que c’est un critère parmi trente autres critères. Il faudra un label national – un fanion bleu, peut-être – qui permettra à l’Etat de prendre ses responsabilités et qui retirera du Pavillon Bleu ce côté « pollution des eaux ». Bernard Falgas le sait bien, avant même que Veolia ne s’en occupe, j’ai mis un laboratoire d’analyses d’eau de baignade dans ma ville de Perros-Guirec, où une personne est chargée tous les jours de faire le prélèvement afin d’afficher la qualité de l’eau de baignade. C’est peu précis, peut-être, mais ça donne quand même la tendance au bout de trois ou quatre heures ; s’il y a vraiment une pollution à ce moment-là, on ferme la plage. On prend nos responsabilités. Mais ça peut être grave qu’un maire affiche un pavillon bleu. Tout le monde pense que c’est un critère de qualité de l’eau de baignade alors que ça ne l’est pas. Et s’il arrivait un « pépin » – pas une grosse pollution, avec des conséquences qui peuvent être graves –, et bien je ne sais pas quelle serait la responsabilité des élus dans ce cas-là.

Bernard Falgas : - Je voulais préciser que ColiPlage ne remplace pas les analyses d’eau qui sont faites par les services de santé. La fermeture d’une plage est une décision qui doit être prise en concertation entre les élus et les services de santé.





Mis à jour le 22 janvier 2008 à 11:27