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Le littoral vu par les jeunes
Les webtrotteurs des lycées Vauban et Kerichen sont allés à la rencontre des jeunes des écoles de Ouessant et du Conquet et leur ont posé une question simple : Pour toi, qu'est-ce que le littoral ?

Visionnez les réponses des jeunes :
- Ecole Sainte Anne à Ouessant
- Ecole Saint Joseph au Conquet



2005 : Le littoral et les avancées scientifiques > TR 2 : Un territoire sous pression  >  Introduction d’une espèce d’huître exotique aux Etats-Unis : outils pour décider

Introduction d’une espèce d’huître exotique aux Etats-Unis : outils pour décider

Susan Ford, Toxicologue et patho-biologiste du mollusque à la Rutgers University, New Jersey

Biographie :

FORD Susan

Compte rendu :

Voir la vidéo de Susan Ford


Transcription :

7 octobre 2005 TR2


Discours de Susan Ford

Rachel Fléaux-Mulot : - Je vais demander à Susan Ford de nous parler de l’expérience de la baie de Chesapeake, où les scientifiques ont eu à décider de l’opportunité ou non d’introduire une nouvelle espèce.

Je vais en effet vous parler d’une situation qu’on rencontre aux Etats-Unis et qui concerne la proposition d’introduire dans la baie de Chesapeake une espèce d’huître exotique afin de remplacer l’espèce native. Cette dernière était à la base d’une pêche très importante dans les grands estuaires de la côte Est des Etats-Unis depuis le XIXème siècle, surtout dans le pays de Chesapeake situé près de Washington. Le problème qui s’est posé depuis les années 1980 a été une mortalité très importante chez cette huître, provoquée par deux parasites et aggravée par le réchauffement du climat et des sècheresses. Il en a résulté une chute de la production.
En raison des demandes des pêcheurs, qui voulaient qu’on résolve ce problème, on a fait des tests sur d’autres espèces d’huîtres afin de mesurer leur survie, leur croissance et leur résistance aux maladies. On a choisi une espèce exotique d’Asie. Ca a immédiatement provoqué beaucoup d’objections des organismes environnementaux, de quelques agences d’Etat et, même, de quelques pêcheurs. La réponse était en deux parties.
La première était de continuer la recherche en laboratoire ou sur le terrain, à condition de n’utiliser sur celui-ci que les individus triploïdes – soit les individus stériles.
La deuxième était de former un comité du National Academy of Science, constitué d’une dizaine de personnes : des économistes, des biologistes, des généticiens, un avocat, des sociologues, des gestionnaires de la recherche, des professionnels et aussi le français Philippe Goulletquer, de l’IFREMER. On a tenu quatre réunions au cours d’un an, durant lesquelles on a écouté les chercheurs experts, les pêcheurs, les représentants des agences gouvernementales… On a beaucoup discuté, on a beaucoup délibéré et, en tant que membre de ce comité, je dois dire que notre tâche n’était pas de décider si on pouvait ou non introduire cette nouvelle espèce d’huître, mais de déterminer s’il existait des informations, des données scientifiques suffisantes pour faire une évaluation ou une estimation de risques pour trois options.
La première option était de ne faire aucune introduction, de maintenir le status quo.
La deuxième option était d’utiliser les huîtres exotiques en aquaculture, en utilisant uniquement les individus triploïdes.
La troisième option était d’introduire des individus diploïdes , soit des huîtres capables de se reproduire.
Il était très clair que la qualité et la quantité d’informations sur cette espèce, même dans leur habitat natif en Chine, a été très faible. Cependant, nous avons produit un rapport intitulé « Les huîtres non-natives dans la baie de Chesapeake », dans lequel le comité fait la recommandation que c’est la seconde option qui présente le moins de risques. Ca entraînerait l’emploi des huîtres triploïdes pour l’aquaculture et, en même temps, l’augmentation de la recherche afin d’être capable de prédire comment cette espèce pourrait affecter à la fois l’écosystème de la baie de Chesapeake et - aussi important - les régions hors de la baie.
En attendant le rapport, les états de Maryland et de Virginie, qui touchent à la baie, ont décidé d’introduire les huîtres diploïdes. Cette décision a provoqué beaucoup d’objections et d’inquiétude, y compris dans les Etats du Nord et du Sud. Fin 2003, le Congrès des Etats-Unis a ordonné la préparation d’une déclaration d’impact sur l’environnement de l’introduction cette espèce. Nous sommes actuellement en train de préparer ce rapport, basé sur 16 projets de recherche en cours. Il est possible qu’une décision soit prise l’année prochaine. Cependant, les Etats-Unis étant dotés d’un système fédéral, chacun des Etats a beaucoup de pouvoir et on ne sait donc pas vraiment qui est habilité à prendre cette décision. Est-ce les Etats du Maryland ou de Virginie, qui contrôlent l’eau de la baie de Chesapeake, ou bien est-ce le gouvernement national ? Il est sûr que cette décision de : « Qui a le droit de décider ? » va être prise par un tribunal, par un juge. Elle sera peut-être également prise l’année prochaine. Finalement et malheureusement, on pense que la décision d’introduire ou non ces huîtres asiatiques va être politique. On espère qu’elle sera basée sur le bon sens.





Mis à jour le 21 janvier 2008 à 16:04