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B R È V E S


Le littoral vu par les jeunes
Les webtrotteurs des lycées Vauban et Kerichen sont allés à la rencontre des jeunes des écoles de Ouessant et du Conquet et leur ont posé une question simple : Pour toi, qu'est-ce que le littoral ?

Visionnez les réponses des jeunes :
- Ecole Sainte Anne à Ouessant
- Ecole Saint Joseph au Conquet



2005 : Le littoral et les avancées scientifiques > TR 2 : Un territoire sous pression  >  Témoin

Témoin

Sylvie Magnanon, Conservatoire Botanique National de Brest, déléguée régionale Bretagne (chargée de mission pour l’inventaire post-Erika)

Biographie :

MAGNANON Sylvie

Compte rendu :

Transcription :

7 octobre 2005 TR2


Discours de Sylvie Magnanon

J’étais responsable du projet « état de référence » dont Sylvain Chauvaud vous a parlé tout à l’heure. Alors, j’ai éventuellement une question aux services de l’Etat dans la mesure où, sans faire un réel témoignage, je peux quand même faire part de la légère amertume qu’on éprouve deux ans après la fin de ce programme. En effet, comme l’a montré Sylvain Chauvaud, nous avons, avec ce programme, tenté de répondre à une demande très claire de la société, de l’Etat. Cette demande était, après l’Erika, de préparer des outils pratiques, faciles d’accès et répondant aux soucis de nombreux acteurs, depuis l’élu de la plus petite commune jusqu’au préfet de région. Nous avons réussi à produire de nombreuses cartes, que l’on a mises en ligne sur un site Internet. Le programme est arrêté depuis fin 2003 et, deux ans après, donc, on se pose vraiment la question de savoir qui utilise ce travail. Le plan POLMAR (POLlution MARitime) est en cours de révision dans le Finistère et les premières épreuves qu’on voit semblent montrer que, dans le futur plan POLMAR, il n’y aura aucune référence à ce travail-là. Donc les lacunes qui étaient signalées par Françoise Gourmelon au début de son intervention et qui, effectivement étaient criantes au moment de l’Erika, ces lacunes sont normalement comblées pour la plupart. Néanmoins, si demain une nouvelle marée noire arrivait, faure d’avoir une réelle coordination au niveau de l’Etat, il est probable qu’on se reposera encore la même question : « Comment mobiliser les experts ? Ou sont les experts ? Ou sont les cartes ? Comment réunir les outils ? etc… » Je me demande donc comment faire en sorte que nous, les gens qui travaillons dans des organismes comme le Conservatoire Botanique, comme les université, etc…, comment on peut avoir, dans les faits, un travail qui soit véritablement utile à la société, qui réponde vraiment à ses besoins. Je me demande surtout qui peut coordonner ce genre de travaux. En résumé, ma question est : quel peut-être notre interlocuteur à nous, les scientifiques, pour que notre travail soit rendu utile et soit utilisé par le plus grand nombre ?

Catherine Bersani : - Comme je n’ai pas vu d’autres fonctionnaires d’Etat, je vais essayer de vous répondre, sans aucune qualification. Ce qui est sans doute l’une des premières explications à votre amertume et à votre malaise, c’est que vous avez des interlocuteurs qui ne sont peut-être pas exactement positionnés au bon endroit.
Je voudrais dire deux choses.
La première est que, effectivement, il y a une difficulté du côté de l’Etat à regrouper dans la durée des instances qui, à un moment donné, sont toutes réunies dans le cadre de la gestion de crise. Quand vous parliez d’une commande très précise, par exemple, le Comité Interministériel d’Aménagement du Territoire a réagi après l’Erika et a formulé, en interministériel, des demandes assez précises. Mais le Comité Interministériel d’Aménagement du Territoire c’est, comme son nom l’indique, une réunion, et cette réunion n’est pas nécessairement activée. Elle est active en termes de commandes, en termes d’appréciation du résultat, et pas nécessairement en termes de gestion. Donc, ça, c’est bien un problème d’organisation de la gestion publique qui peut se produire – et d’ailleurs se produit – à des moments variés. Donc, d’une certaine façon, l’Etat peut un petit peu plaider coupable. Mais là où je veux en venir, c’est qu’il n’est probablement pas le seul à plaider coupable parce que, peut-être que dans le cas dont vous parlez il y a eu une commande institutionnelle extrêmement claire, et que c’est ça que vous appelez une demande très claire de la société. C’est possible.
Peut-être aussi que la demande qui est exprimée est une demande pressentie, en fait - parce que ça arrive dans d’autres domaines. C’est-à-dire que le système de décision, ou de travail, n’est pas suffisamment formalisé pour qu’il y ait une réelle appréciation des besoins des utilisateurs et que l’on parle un petit peu – ce qui ne doit pas être le cas devant le travail que vous avez fait, parce qu’il y avait des données pratiques très évidentes. Mais c’est tout de même un point sur lequel, d’une manière générale, il y a une difficulté de dialogue avec les scientifiques. Je veux dire que je vais prendre un cas dans un autre domaine, puisque je ne peux pas prétendre avoir de réponse exacte sur ce que vous dites mais, quelquefois, quand on étudie quelque chose, on a une ambition tout à fait légitime d’être le plus parfait possible, le plus près possible d’une exactitude et d’une vérité. La perfection n’existe pas mais, enfin, si on s’applique beaucoup on arrive à des degrés de raffinement qui sont relativement importants. Ca engendre deux types de dysfonctionnements : le premier est que le délai n’est en général pas celui que, intuitivement, on attend - c’est forcément un peu plus long. Le deuxième c’est que la sortie, c’est-à-dire le résultat, est inaccessible. Quand je veux dire inaccessible, je veux dire que c’est quelque chose qui est tellement précis, tellement sophistiqué, tellement élaboré que, du coup, l’individu lambda, le fonctionnaire quelconque et l’élu de base a du mal à s’approprier l’instrument. Et, donc, je pense que la difficulté de faire quelque chose qui soit à la fois très sophistiqué et qui soit en même temps parfaitement utilisable n‘est, pour l’instant, pas dominée. C’est-à-dire que, bien sûr, la commande ne devrait demander que ce qui est compréhensible, quitte à ce que, une fois que vous avez fait la recherche, vous arriviez à re-sacrifier à partir du résultat de votre recherche ; seulement, il n’est pas sûr que la commande soit faite très correctement et, dans un deuxième temps, le même phénomène peut être étudié de façon différente par d’autres instances. De plus, il n’y a pas toujours, du côté des scientifiques, l’effort d’interconnexions de la recherche. Il y a donc peut-être une difficulté du côté de l’Etat, mais il y a aussi une difficulté du côté des scientifiques en termes de communication, en termes de tentatives de se mettre à la place de l’utilisateur.





Mis à jour le 21 janvier 2008 à 15:43