2007 : Les énergies de la mer > TR3 : Retours d'expériences, R&D et innovations : Perspectives et impacts sur le littoral >
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Yvon Bonnot, Président de l’Association national du Littoral, Maire de Perros Guirec.
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Yvon Bonnot
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18 octobre 2007 Table ronde 3
Discours de Yvon Bonnot
Mesdames et Messieurs,
Tout d’abord, merci de m’avoir invité. J’ai suivi avec intérêt les interventions de ce matin et j’ai pu constater qu’énergie et environnement sont aujourd’hui indissociables. C’est un élément que nous aurons à évoquer plus tard.
J’ai constaté aussi que la Bretagne participe aux recherches et aux démarches novatrices. C’est également un volet important. Malgré tout, nous l’avons dit, le Grenelle de l’Environnement n’a pas assez parlé de la recherche ; le littoral et la mer ont été, non pas occultés, mais insuffisamment développés. Quand on a la chance d’avoir le littoral que nous avons, quand on a la chance d’avoir des gens de qualité dans la recherche comme nous en avons, je crois qu’il faut mener une action commune pour faire passer nos messages.
Mais je ne suis pas très surpris que la mer soit un peu oubliée. En effet je me souviens, quand j’étais député, lorsqu’on parlait du littoral, nous étions peu nombreux à l’Assemblée. Mais c’est normal car c’est le système électoral qui le veut. Aujourd’hui la population vient de plus en plus vers le littoral. Il ne faut pas oublier que dans le contexte actuel, ce sera encore 3 millions de personnes de plus dans les 5 ans à venir qui vont se déplacer vers le littoral. Ce qui veut dire que tout ce que nous évoquons en besoin en énergie va être encore plus exigeant dans les mois à venir.
Je tiens aussi à rappeler que nous pouvons évoquer ces différents points au Conseil National du Littoral car, après 10 ans, il a enfin été mis en place. J’avais fait une proposition en 1995 dans un rapport au 1er ministre et il a enfin été créé. Ce Conseil est aussi un lieu de rencontres, d’échanges, de propositions et un lieu de concertation avec tous les partenaires.
J’ai relevé un point ce matin, c’est qu’il n’y a pas assez d’éducation scolaire, qui est peut-être un petit volet, mais il n’y a pas non plus d’éducation des citoyens. On s’aperçoit que, aujourd’hui sur le littoral, on fait quelquefois n’importe quoi : on jette tout à la mer, on balance tout dans les rues et ça part sur le littoral. Je crois qu’il y a là aussi un travail important à faire.
Et puis, le côté maritime n’a pas été tellement évoqué. Même si le transport maritime est un problème partiellement réglé, il reste encore le problème de la sécurité du transport maritime. Je crois qu’il y a de gros efforts à faire sur la traçabilité de tout ce qui est transport maritime pour que les situations que nous avons connues ne se répètent pas. D’ailleurs, il y a un effort considérable de fait avec la coordination entre la préfecture maritime, les affaires maritimes, la douane et la justice. Catherine Bersani, grande spécialiste du littoral, a parlé de ces problèmes. Vous savez que c’est elle qui est à l’origine de tout ce qui a été évoqué ensuite au Conseil National du Littoral avec les zones littorales, les bassins versants et l’interdépendance entre la terre et la mer.
En ce qui concerne les énergies qui gouvernent la mer, il reste encore des questions sans réponse. Le territoire de la mer est un territoire collectif. La Région Bretagne a réfléchi sur tout ce qui touche à la mer par la Charte des Espaces Côtiers bretons. Cette proposition, au dire de ceux qui en ont la responsabilité, peut encore être améliorée. Je pense également que dans le Grenelle de l’Environnement, il faudra affirmer l’ambition maritime du littoral français mais surtout de la Bretagne qui est une région particulièrement concernée par ce sujet. La mer, je vous l’ai dit, est un peu oubliée mais aujourd’hui une réflexion se met en place et il faut attendre le Livre Bleu, après le Livre Vert et le rapport Poséidon. Je ne sais pas si Monsieur Xavier de La Gorce va nous rejoindre car il a été appelé au Portugal pour évoquer ce Livre Bleu mais on peut compter sur lui pour être le défenseur de la mer.
Je m’interroge parce que ce matin, on a parlé de toutes les énergies et je pense qu’il y a effectivement une place à prendre pour la France et la Bretagne en particulier dans ce domaine des énergies avec les courants, les vagues, l’énergie thermique des mers et la bioénergie marine. La question importante pour moi est le transport. Quand on parle de 10 km pour venir sur le littoral, il y aura à un moment une contradiction par rapport à la protection du littoral car il ne faut rien y construire directement. Est-ce qu’on pourra apporter les structures nécessaires à 1, 2 ou 3 Km dans les terres ? Je crois que c’est comme ça qu’il faut le voir parce que, sur le littoral même, on ne pourra rien faire.
Or l’implantation d’hydroliennes ou d’éoliennes en mer crée quelques animosités car la mer reste un espace de liberté : « Homme libre, toujours tu chériras la mer ». Et on sait que sur des secteurs comme les nôtres, il faut rester proche du littoral car sinon les profondeurs sont trop importantes.
Et puis l’autre problème sur lequel je m’interroge c’est les coûts d’installation et les coûts au sens large. Quand on en est au stade expérimental, on sait que les coûts sont très élevés mais il faut que les industries, les entreprises et l’Etat s’investissent plus dans ce qui est l’énergie du futur. On sait que l’Etat ne fera pas tout car il n’y a pas d’argent. Nous avons donc là aussi une mission à remplir.
Mais, même si je pense que les hydroliennes sont l’avenir, il reste le problème du stockage. L’électricité ne se stocke pas. On rencontre ce problème partout. Il y a là aussi quelque chose de positif, il faudra suivre de très près les travaux communs entre les pôles de recherche. Associer l’Atlantique et la Manche ou la Bretagne à la Méditerranée est, je crois, une très bonne chose et les deux conjugués pourront certainement mettre leurs moyens en commun pour l’intérêt de tous.
Je parlais tout à l’heure des conséquences sur l’environnement. C’est avec une grande attention et une grande satisfaction que j’ai entendu que les microalgues sont aussi l’avenir et que les recherches méritent d’être approfondies. Déjà, je me souviens, lorsque nous avons souffert des marées noires, il y a 20 ou 25 ans, des chercheurs disaient que les médicaments de l’avenir se trouvaient au large de nos côtes et c’est ainsi que nous allons soigner beaucoup de maladies. Il y a 60 sociétés dans le monde, j’espère que la France sera présente dans ce domaine avec les richesses que nous avons.
Et pour terminer, une bonne nouvelle, il y aura une journée européenne de la mer, alors profitons de cette journée pour nous mobiliser toutes et tous pour qu’enfin la mer soit un peu plus reconnue.
Merci
Mis à jour le 07 janvier 2008 à 10:59