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1998 : Risques associés aux progrès technologiques > Restitution de l'Atelier Repère "OGM" >  Discours de Guy Le Fur

Discours de Guy Le Fur

Agriculteur, membre de la Confédération Paysanne et du Conseil Economique et Social

Biographie :

LE FUR Guy

Compte rendu :

Transcription :


23 octobre 1998 Atelier OGM


Discours de Guy Le Fur :



Les biotechnologies géniques vont probablement révolutionner le siècle prochain tant les combinaisons sont nombreuses du fait de l’universalité des gènes. Encore faut-il que les possibilités que l’on nous annonce se concrétisent. Pour l’heure, les plantes avec O.G.M. font couler beaucoup d’encre et déchaînent des passions qui ne permettent pas d’éclairer l’opinion publique.
Tant le citoyen consommateur européen souhaite les thérapies géniques pour se soigner (vaccin, médicament, gène...), autant il est très hostile à l’alimentation génétiquement modifiée.
Contrairement à certaines idées volontairement véhiculées, il ne s’agit pas d’obscurantisme. Un récent sondage du CREDOC commandité par la direction générale de l’agriculture et de l’alimentation indique que 70% des consommateurs n’en veulent pas et parmi eux les cadres supérieurs et les ingénieurs sont les plus nombreux à les refuser (82%).
Les récents événements tels la vache folle, le sang contaminé et les hormones de croissance ont suscité beaucoup de méfiance, notamment vis-à-vis des scientifiques et du politique. Ceux-ci, à tort ou à raison ont été suspecté d’avoir servi de paravent à des opérations financières très spéculatives et juteuses orchestrées par les firmes à leur avantage.
La commercialisation des plantes avec O.G.M. est le fait de firmes agro-chimiques très puissantes. Au cours de ces 3 dernières années elles ont investit des sommes colossales ; pour la recherche ; pour se restructurer, pour racheter des semences et accaparer ainsi le résultat de plus d’un siècle et le potentiel génétique accumulé au fil des ans. Ces bagarres à coups de milliards de francs va se traduire par l’élimination des plus faibles. Seule 4 ou 5 multinationales risquent de survivre et contrôler ainsi la nourriture de la planète. Chaque gène découvert est aussitôt breveté. Le patrimoine génétique se privatise. Est-ce normal ? Est-ce moral ? Les capacités financières des firmes agro-chimiques influencent les décideurs pour obtenir le droit de cultiver ces plantes O.G.M. en Europe. Cela coûte très cher. Elles veulent gagner beaucoup d’argent. Elles font tout pour vaincre. C’est à coup de millions de francs de publicité qu’elles ont tenté de convaincre les agriculteurs et les consommateurs. Tout le monde se souvient des pleines pages achetées par Monsanto (surtout), Novartis et Rhône-Poulenc pendant la conférence citoyen.
Pour l’instant personne ne s’avance pour estimer le gain financier - pour l’agriculteur lorsqu’il cultive ces plantes avec O.G.M. Les agriculteurs se posent beaucoup de questions : le gène de résistance à l’herbicide total ne va-t-il pas favoriser l’émergence de plantes sauvages résistantes ?
Nous savons par expérience que la nature lorsqu’elle est contrariée prend toujours le dessus. Il faudra de nouveau augmenter les doses d’insecticides ou trouver d’autres molécules plus efficaces en espérant qu’elles ne soient pas plus dangereuses pour l’environnement et la santé. L’utilisation à grande échelle de plantes avec gène insecticide BT ne va-t-elle pas compromettre l’agriculture bio. En détruisant quelle influence aura-t-il sur d’autres insectes ravageurs d’insectes auxiliaires (pucerons) en courant le risque d’un déséquilibre de population et de voir ces derniers insectes occasionner plus de dégâts sur la récolte. Sans parles des risques d’insectes super-résistants ? Le Canada et les U.S.A. obligent actuellement les firmes à réaliser des parcelles témoins correspondants à 20% des surfaces pour que les papillons de ces ne soient pas résistants. On diminue d’autant l’intérêt de ces
Pour allécher les agriculteurs les firmes peuvent jouer sur le prix de la graine et de l’herbicide. Attirer le client avant qu’il ne devienne totalement dépendant mais il devra s’assurer que les consommateurs veulent bien acheter son produit. Celui-ci est réticent, il est vrai qu’il n’a aucun avantage. Quelles seront les conséquences de la consommation des plantes O.G.M. ou des produits faits à partir d’O.G.M. sur sa santé ? Quelle va être la réaction de l’organisme après ingestion de plantes ayant des gènes de résistance à un antibiotique. Quels seront les effets secondaires sur les bactéries du tube digestif ou du sol, sur les micro-organisme, sur l’environnement ? Il reste trop d ‘incertitudes à élucider.
Pour répondre à ces questions l’expertise scientifique s’impose. Encore faut-il que le cadre de leur travail respecte leur indépendance et que la confrontation entre experts soit suscité. Il est nécessaire que le citoyen et le politique possèdent ces éléments afin de les éclairer avant de décider.
De la même façon nous devons respecter le libre choix du consommateur. Pour cela il apparaît important un étiquetage clair et avec la traçabilité afin le cas échéant de remonter à l’origine. Si ce choix impose une double filière «O.G.M.» et «non-O.G.M.», il convient d’éviter que la filière non-O.G.M. doive supporter le coût de la ségrégation et des contrôles. Cette filière n’a rien demandé et ne peut être tenue comme financièrement responsable de la contamination de son produit par la filière O.G.M.
Les Entretiens Scientifiques de Brest son un moment fait pour débattre de ce sujet et éclairer tous et chacun. Trop d’inconnues demeurent. Peut-être la deuxième génération d’O.G.M. qui prévoit d’améliorer la goût et la qualité convaincra le consommateur de l’intérêt des plantes et des animaux avec O.G.M.





Mis à jour le 07 février 2008 à 15:02