1999 : de l’animal à l’homme > TR 6 : L'expérimentation animale >
Discours de François LachapelleDiscours de François Lachapelle
Animalier et chargé de recherche à l'INSERM
Biographie :
LACHAPELLE FrançoisCompte rendu :
Transcription :
23 octobre 1999 TR6
Discours de François Lachapelle :
Je suis chercheur en neurobiologie à la Salpêtrière et je travaille sur la modélisation de la thérapie cellulaire hygiénique d’une très vilaine maladie, la sclérose en plaques. J’ai été pendant 30 ans auprès des animaux dans les laboratoires parce que je suis rentré, il y une trentaine d’années, comme animalier de base, pour travailler à entretenir des animaux dans une animalerie. Puis mon histoire a évolué et a changé. J’ai été également président d’une association professionnelle, d’une société savante, qui est la société française d’expérimentation animale qui a contribué depuis plus de 25 ans à l’avancée des savoir-faire, à la mise en place des réglementations, qui a énormément impulsé la mise en place de la législation actuellement, en France sur l’expérimentation animale, à de nombreux titres, je suis intéressé au problème d’éthique, qui se pose en matière d’expérimentation. D’abord, concernant le travail qui a été mené, effectivement comme mes prédécesseurs je suis impressionné par le côté positif de ce travail. Hier je présentais l’expérience menée par les Entretiens et le panel des citoyens sur une radio nationale. Quand on a à faire à des interlocuteurs qui font appel à l’aspect émotionnel le plus direct, le plus vibrant, où l’on a des réactions, qui sont totalement en dehors de l’humain, j’ai encore entendu hier “et pourquoi pas les prisonniers” et je vous passe tout ce qui a derrière sur le plan ethnique, sur le plan culturel, sur le plan des pratiques sexuelles etc., je trouve extrêmement positif, le niveau, la qualité de ce dialogue, je trouve intéressant le résultat de la synthèse. Evidemment pour nous qui sommes experts, on a toujours un petit peu l’impression qu’on reste sur notre faim. J’ai beaucoup aimé le courage des gens de ce panel qui sont capables d’aborder de face des aspects qui ne paraissent pas forcément toujours aller dans le sens du discours général. Il y a des exigences techniques qui sont évidentes, et la capacité à admettre que ces méthodes substitutives, qui nous intéressent tous, sont encore à l’état de balbutiement, qu’elles nécessitent encore beaucoup d’investigations, et que pour l’instant elles sont malheureusement loin de pouvoir se substituer à l’expérimentation sur l’animal entier. Les méthodes substitutives doivent être mises au point, la culture cellulaire s’il est vrai que la culture massive de types de cellules, est aussi un objet de recherches. Dans ce domaine-là beaucoup reste à faire avant que l’on puisse développer des modèles qui soient des modèles utiles. La manipulation des cellules ES est un travail absolument énorme, et très peu de groupes, dans le monde sont capables, de dominer actuellement, de maîtriser cette technologie, sans parler des cellules ES humaines, problème qui est très loin d’être dominé. Il y a un dernier point que je voudrais souligner, c’est que les gens du panel à plusieurs reprises reviennent sur le fait qu’ils sont convaincus du fait qu’il existe en France une législation qui encadre de façon précise et suffisamment précautionneuse la pratique de l’expérimentation animale. Cependant, à plusieurs reprises il répète ça, mais ils disent qu’ils ont un doute qui est lié au fait qu’ils n’ont pas la capacité, la possibilité de contrôler l’application de cette législation. Je crois que l’on se trouve peut-être ici à la charnière d’un des thèmes qui est le problème du Comité d’éthique en expérimentation animale.
Vous savez que l’on voit très souvent apparaître dans des articles de presse la notion selon laquelle la France est en retard dans le domaine de l’expérimentation animale parce qu’elle n’a pas de comité d’éthique. Il faut savoir que les Directives européennes dans ce domaine, ont été suffisamment larges pour permettre des applications en droit locaux, différentes suivant les pays. Dans les pays dits de droits écrits qui sont des pays de tradition latine, de manière générale, on a eu une traduction à travers la mise en place d’une législation appliquée par des corps d’état. Et le corps d’état en question en France, c’est la Direction des services vétérinaires, qui donc a une autorité de police pour vérifier l’application de la loi. Ils se trouvent que dans les pays dits de droit coutumier du Nord, les pays anglo-saxons, généralement, on a délégué le contrôle de l’application de la loi à des comités d’éthique. Ensuite les démarches se font de manière différente. En France, il y a des obligations concernant la formation initiale des personnes et de l’information spécifique sur la pratique de l’expérimentation, son cadre réglementaire, sa dimension éthique, culturelle. On considère que les personnes sont compétentes pour pouvoir concevoir un protocole expérimental, diriger une expérimentation, pratiquer l’expérimentation, s’occuper des animaux. Alors que dans les pays anglo-saxons, on considère que chaque protocole doit être soumis à un Comité d’éthique. Mais il n’y a pas de corps d’état qui vérifie l’application des protocoles, l’ensemble des protocoles n’est soumis qu’au Comité d’éthique, qui ne comprend pas nécessairement des citoyens de l’extérieur. Ce Comité d’éthique peut être interne à une entreprise. En fait la démarche que l’on pourrait imaginer concernant les comités d’éthique en France, pourra être précisément un espèce de liens entre ce système d’état dans lequel on a un corps d’état qui lui, peut permettre d’appliquer la réglementation, de manière restrictive, et ce comité d’éthique qui sera un lieu dans lequel à la fois des représentants des corps constitués, des discuter du sens de l’application de la loi. Qu’est-ce que c’est pour une espèce donnée ? Pour un protocole que l’on veut développer que la notion d’éthique appliquée au protocole.
Mis à jour le 06 février 2008 à 14:32