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Discours de Jacques de GerlacheDiscours de Jacques de Gerlache
Responsable de la communication, environnement et santé du Groupe Solvay
Biographie :
GERLACHE Jacques deCompte rendu :
Transcription :
23 octobre 1999 TR6
Discours de Jacques de Gerlache :
Je suis toxicologue, j’ai travaillé longtemps, dans les milieux académiques avant de rejoindre les milieux industriels, pharmaceutiques et l’industrie chimique. Dans une industrie de ce genre, on est confronté à l’expérimentation ou à l’utilisation d’animaux à deux niveaux, le niveau de recherches avec le contexte réglementaire qui nous est imposé pour les produits pharmaceutiques et aussi chimiques que nous mettons sur le marché, qui nous impose d’utiliser des animaux pour assurer à la société que ce que nous faisons comme activité soit compatible avec le niveau de sécurité qui est exigé. Ce sont deux domaines un peu différents. Mes préoccupations personnelles, qui m’ont amené ici, aujourd’hui, sont de deux ordres. Dans tous les problèmes qu’on aborde aujourd’hui, ce sont des problèmes qui sont très transverses, très complexes, très globaux. Je pense que l’approche globale des questions est extrêmement importante, mais qu’elle est difficile. Parce que toute notre culture, depuis Descartes, nous a amené et la complexité des questions nous a amené, à dissocier les éléments. A les aborder de manière étanche les unes par rapport aux autres. Face au développement durable de notre société, l’approche par chapitre est décidément impossible à assurer parce qu’elle n’apportera pas les réponses au niveau où nous les attendons. Or ça reste une gageure d’aborder de manière sereine, les questions de façon plus large. Pour en revenir à ce qui a été fait dans cet exercice et par ce panel de citoyens, je pense que c’est une approche de ce type qui s’amorce et qui montre que malgré tout une approche plus globale, plus générale, est possible et est aussi opérationnelle. Les différentes approches telles qu’elles ont été amenées au cours de ces rencontres ont permis d’éviter des débats stériles, des approches émotionnelles qui cristallisent des questions tout à fait superficielles. En tant que rare représentant du monde industriel, c’est aussi le monde économique et le monde moteur, à qui on confie finalement le rôle de produire les choses et de les mettre à la disposition du public, je voudrais ajouter ceci. Par attitude passive ou au contraire, par volonté, le pouvoir politique a demandé de plus en plus au monde économique de financer la recherche, d’établir les liens avec l’université et de prendre finalement, une place de plus en plus importante dans la recherche fondamentale. Tout en étant dans l’industrie, je me demande, si ce n’est pas là une partie du problème. On est bien content d’avoir l’argent de l’industrie pour financer la recherche fondamentale, mais forcément la conséquence c’est que la recherche fondamentale se trouve un peu dépossédée de son indépendance. S’il y avait là une première volonté politique de rendre à la recherche, les moyens dont elle a besoin, pour pouvoir agir par elle-même et de manière plus indépendante.
Deuxième point qui me semble très important, ce sera beaucoup plus court, s’il faut une approche globale des problèmes, s’il faut que tous les acteurs puissent y participer, je pense que l’aspect de l’information est extrêmement important. Mais noyer les gens sous une tonne d’informations quelqu’elles soient, si on ne leur a pas donné d’abord la possibilité de pouvoir comprendre cette information, la digérer, de pouvoir forger leur propre jugement sur ces questions, qui sont souvent très complexes, de nouveau on est dans une impasse. On l’a vu pour la dioxine ou pour les O.G.M., les organismes génétiquement modifiés ou pour le nucléaire. En réalité au moment où les arguments sont présentés, les citoyens n’ont pas réellement eu l’occasion d’avoir les quelques éléments de base (ce n’est pas inaccessible, loin de là,) qu’ils leur permettront de pouvoir juger, de la pertinence de certains arguments, pour les mettre eux-mêmes en place et de pouvoir eux-mêmes forger leur jugement, aussi sophistiqué soit le raisonnement technique. Je pense que cet accés à la formation scientifique, dans tous ces domaines, est extrêmement important et il y a encore une énorme lacune qu’il s’agit de combler. Pour que les citoyens puissent savoir et juger et que ce ne soit pas seulement le fait de lobbies extérieurs, que ce soient des lobbies écologiques, philosophiques ou autres qui vont imposer leur point de vue au citoyen qui va être incapable de faire la part des choses.
Mis à jour le 06 février 2008 à 14:32