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Discours de Philippe VannierDiscours de Philippe Vannier
Spécialiste des maladies virales du porc, directeur de l'AFSSA Ploufragan
Biographie :
VANNIER
PhilippeCompte rendu :
Transcription :
23 octobre 1999 TR5
Discours de Philippe Vannier :
Un des aspects problématiques des xénogreffes, ce sont les problèmes de risques microbiologiques. On ne peut pas concevoir de mettre en place un organe ou un tissu, sans évaluer le risque microbiologique pour le receveur. Il y a le risque individuel, le risque de contamination du receveur par le donneur dans le cadre d’une allotransplantation, le problème est le même, même si je le disais, les risques sont un petit peu différents et puis il y a le risque collectif. On ne peut pas non plus prendre le risque de voir créer une épidémie à partir d’un nouveau contaminant par recombinaison génétique chez le receveur et qui entraînerait une épidémie avec un agent connu ou non connu, ou qui n’avait pas été identifié jusqu’à présent. Ce point est très important, ça fait partie d’un des aspects techniques à envisager ou à évaluer dans le cadre des xénotransplantation. Comme l’a annoncé Louis-Marie Houdebine, le porc est relativement intéressant à ce titre-là. D’une part parce qu’il est relativement éloigné des primates humains et non-humains, les virus sont moins spécifiques et le risque de contaminer un receveur comme un patient humain, est beaucoup moins important qu’avec un primate. En effet le risque de transmission de virus qui puisse s’adapter à l’homme est beaucoup plus élevé chez les primates que par rapport à un porc. Les deux autres aspects qu’il faut envisager, c’est que l’on connaît très bien les agents pathogènes du porc et donc on peut évaluer ce risque d’une manière bien supérieure à des primates pour lesquels il y a un certain nombre d’agents qui ne sont peut-être pas aussi bien identifiés selon leur origine que chez le porc. Le troisième point qui est très important et qui aussi fait préférer le porc par rapport à d’autres espèces sur le plan du risque, c’est que d’une part les techniques d’élevage sont parfaitement bien maîtrisées chez le porc et d’autre part on maîtrise parfaitement le statut sanitaire des porcs, que l’on produit par opération aseptique à partir de truie gestante. Le porcelet par la suite est élevé dans un isolateur, c’est à dire une bulle stérile tout à fait identique aux bulles des prématurés. Ces porcs peuvent être élevés pendant une courte durée, totalement indemnes de germes infectieux. Ensuite les techniques d’élevage sont un peu plus compliquées, quand le porc grandit, on va pouvoir l’élever dans un élevage confiné, c’est à dire totalement hermétique, avec une filtration de l’air, de manière à éviter toutes les contaminations. Tout un ensemble de procédures maîtrise les contaminations microbiologiques, aussi bien venant de l’aliment que venant des personnes qui s’occupent des soins des porcs. On obtient un statut Exempt d’Organismes Pathogènes Spécifiés, (E.O.P.S.), ce sont des porcs qui sont pratiquement indemnes de tous les germes pathogènes connus pour le porc. Dans le cadre des xénogreffes, le statut sanitaire doit être légèrement supérieur à celui qu’on obtient dans le cadre de l’élevage, bien sûr il s’agit de porcs à haut niveau de statut sanitaire et on parle à ce moment-là de statut de porcs ou d’animaux Exempts d’Organismes Pathogènes Désignés, (E.O.P.D.), c’est à dire en évaluant spécifiquement le risque pour un receveur comme l’homme. Ce qu’il faut savoir c’est que les techniques de production des porcs telles que je viens de les décrire sont des techniques bien maîtrisées et qui permettent relativement facilement d’avoir une garantie sanitaire pour le receveur. Si le porc est utilisé dans les xéno-greffes. On ne peut pas concevoir indépendamment de tous les problèmes éthiques, biochimiques, immunologiques, qui ont été évoqués, on ne peut pas concevoir, d’utiliser des porcs transgèniques qui n’auraient pas un statut sanitaire parfaitement contrôlé, c’est l’intérêt de l’utilisation éventuelle du porc dans le cadre des xénogreffes. Les techniques, ce sont des techniques tout à fait classiques de césariennes, hystérotomies ou d’hystérectomies aseptiques. Le nouveau-né naît dans des conditions parfaitement contrôlées. Le problème éthique, puisqu’il y a deux partenaires dans l’affaire, il y a le donneur d’organes, et le receveur d’organes, est le suivant : Est-il acceptable d’utiliser le porc une fois de plus pour ça ? Est-ce qu’il est éthique de mettre chez l’homme des organes ? Il y a des problèmes psychologiques qui se posent, est-ce qu’un patient va supporter un organe de porc ?
Mis à jour le 06 février 2008 à 14:23