1999 : de l’animal à l’homme > TR 3 : Alimentation, OGM et société >
Discours de Paul LannoyeDiscours de Paul Lannoye
Député et européen belge, "Sécurité alimentaire et principe de précaution"
Biographie :
LANNOYE PaulCompte rendu :
Transcription :
22 octobre 1999 TR3
Discours de Paul Lannoye :
Actuellement, les O.G.M. qui sont sur le marché européen et américain sont tous des O.G.M. qui ont des caractéristiques essentielles, soit de la résistance à un herbicide, soit une libération d’une toxine insecticide, ce sont des propriétés agronomiques qui ont été introduites dans des variétés végétales comme le maïs et le soja. En Europe, on n’a rien d’autre et il n’y a aucun élément qui touche à la valeur nutritive de l’aliment, c’est vrai qu’on comprendrait mieux de voir les efforts se porter à trouver des variétés végétales qui seraient acclimater à des zones très sèches. Les promoteurs de ce type de technologie sont des multinationales qui sont à la recherche de conquêtes de marchés solvables et il n’y en a guère dans les pays pauvres où la famine sévit. Les brevets sur le vivant, moi, je suis extrêmement préoccupé par ce dossier, nous avons été confronté à ce dossier pendant 10 ans au Parlement Européen, dans une première phase, le Parlement avait rejeté le projet de directives sur le brevet du vivant et dans une deuxième phase, le parlement a changé d’avis, j’ai voté contre deux fois. Il est inacceptable de concéder des brevets sur des gènes pour des raisons éthiques, car c’est concéder le droit sur des propriétés privées sur une ressource naturelle qui appartient à la collectivité. Le patrimoine génétique équatorial appartient aux peuples qui vivent dans la forêt équatoriale et non aux laboratoires européens, ou américains, ni aux organes de recherche, ni aux multinationales. Or ce sont eux qui prospectent la forêt pour y trouver des plantes médicinales, intéressantes, ils isolent le gène, ils mettent au point en laboratoire un O.G.M. et prennent le brevet, ce qui veut dire que les populations locales ne sont plus en état d’exploiter elles-mêmes une connaissance qui est en fait une connaissance ancestrale. Deux pays membres de la Communauté européenne ont établi un recours en justice pour casser la directive, c’est l’Italie et les Pays-Bas, en disant ce n’est pas acceptable éthiquement. La France n’a pas suivi, l’Union Africaine se prépare pour la négociation de l’O.M.C. sur la propriété intellectuelle et ils ont pris une position commune contre le brevet sur les végétaux, animaux et micro-organismes. Cela va faire une bataille impressionnante au niveau de l’O.M.C., j’espère que l’Europe sera du côté des Africains et pas du côté des U.S.A.
Mis à jour le 05 février 2008 à 16:45