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1999 : de l’animal à l’homme > TR 3 : Alimentation, OGM et société >  Discours de Patrick Champagne

Discours de Patrick Champagne

Sociologue à l'Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) et au Centre de sociologie européenne EHESS

Biographie :

CHAMPAGNE Patrick

Compte rendu :

Transcription :


22 octobre 1999 TR3


Discours de Patrick Champagne :


Un point commun, cette donnée croissante de demande de sécurité alimentaire qui va de pair avec l’élévation du niveau de vie, d’éducation. Une autre constante de toutes les époques, c’est que le naturel, c’est le culturel d’avant. Réfléchir sur ces problèmes nouveaux qui sont posés, et qui nous paraissent être de l’ordre de la manipulation non naturelle. Il y a aussi un divorce sur ce qui s’est passé avant, les relations du milieu scientifique qui est aux avant-postes de ces problèmes, n’a plus la même relation avec la presse. Vous avez évoqué le rôle de la presse qui était un rôle de vulgarisation de la science, alors qu’aujourd’hui on a l’impression que les rapports de la presse avec le milieu scientifique sont plus de l’ordre de la dénonciation des manques. A cet égard, je vais vous donner lecture d’un journaliste scientifique dont le point de vue est respectable, qui dit la chose suivante : “Les journalistes médiatisent la parole des scientifiques, socialisent cette parole, une confrontation explicite et égalitaire, cette médiation doit permettre aux citoyens de se faire une opinion éclairée, de maintenir un contrôle sur les enjeux au lieu de les laisser aux seuls technocrates des groupes d’intérêt. Force est de constater que les médias dans l’ensemble jouent un rôle différent, ils accumulent les erreurs, se complaisent dans le sensationnalisme, font et défont des modes...”

Pourquoi en est-il ainsi, il y a des raisons très diverses, la presse, c’est à dire la presse nationale, “Le Monde”, “Libé”, “le Figaro”, les radios, “Europe”, “France Inter”, “France Info”, et puis les télévisions, “T.F.1”, “France 2”, “FR3” travaillent dans l’urgence. Ce journaliste scientifique qui s’est exprimé, travaille dans une presse plus spécialisée. Pourquoi les médias sont accusés de ces dérives ? Les sources, le public et la concurrence, tels sont les trois facteurs importants de la presse. On préfère la controverse plutôt que la vulgarisation. La pensée journalistique qui travaille à chaud fonctionne selon la logique du précédent, c’est à dire ce dont je parle à quoi se réfère-t-il par le passé ? Le deuxième problème, c’est la tendance de la logique du pire, ex : annoncer qu’il y aura 300 000 morts avec la vache folle. Troisième point, c’est la logique de politisation, tendance à faire remonter la responsabilité envers les ministres, problème aussi de savoir à qui s’adresse le journaliste, certains aiment à se considérer comme l’alter ego d’un ministre, désir de se “faire“ un ministre ou un directeur de cabinet. Pour la presse, il y a toujours l’idée qu’on cache quelque chose. Le résultat est que l’information qui passe est largement filtrée à la moulinette de journalistes appartenant à des entreprises soumises à la concurrence. On pose moins des débats qu’on ne désigne des responsables avant même que le débat ne soit posé. Ce détour par la presse est important car pour interpréter ce que les gens disent, il faut le faire à travers deux filtres Comment on leur a donné à penser le problème et répondent-ils bien à la question, c’est à dire quand on parle d’O.G.M., est-ce bien des O.G.M. dont ils parlent ? D’un point de vue scientifique, recueillir des opinions, ce n’est pas recueillir des vérités. C’est recueillir des choses dont il faut comprendre ce qu’elles veulent dire.






Mis à jour le 05 février 2008 à 16:42