logo entretiens Energies de la mer bandeau entretiens Science et Ethique
M E N U

Année :



Veilles internationales
Informations du 03/12/2024

Energies de la mer
www.energiesdelamer.eu

energiesdelamer.eu vous souhaite un bon week-end de 15 août


2001 : Internet, la substantifique toile : science en jeu et jeu de pouvoirs ? > TR 4 : Territoires et société en réseau : du local au mondial en passant par le régional >  Discours de Jacques Berthelot : Mégalis, l'esprit du service public

Discours de Jacques Berthelot : Mégalis, l'esprit du service public

Président du syndicat mixte Mégalis, conseiller régional de Bretagne

Biographie :

BERTHELOT Jacques

Compte rendu :

Transcription :

20 octobre 2001 TR4

Discours de Jacques Berthelot



Frontières et Réseau : élasticité des repères, rigidité des financements



Paul Jourdrain:
Au lieu de prendre pour objet le territoire, est-ce qu’il ne vaudrait pas mieux prendre pour objet les frontières et leur caractère élastique ?
Jean Guisnel. Je voudrais demander à Jacques Berthelot ce qu’il pense de ce rapport territoire/frontières et puis naturellement de l'articulation de ces idées territoire/frontière/élasticité et réseau ? C'est en effet Jacques Berthelot qui s’occupe du Syndicat mixte gérant le gros tuyau que la région Bretagne a installé pour l’espace public Internet, grâce auquel les collectivités peuvent se connecter à très haut débit au réseau international.

Jacques Berthelot:
J’en pense deux choses. En tant qu'élu politique breton, ma vocation est de m’occuper de tout le monde. En France, d’après une étude médiamétrique parue dans Le Monde, les internautes représentent 20 % de la population et 6 % des Français auraient l’intention de devenir des internautes prochainement. On ne peut pas décider, dans une démocratie comme la nôtre, de fabriquer des territoires, avec une nouvelle forme de gouvernement puisqu’en fait, vous avez raison de dire qu’on touche là au cœur même de l’organisation nationale. On ne peut pas tout faire pour seulement 20 % d’une population, du moins dans le système actuel, même si l'on peut imaginer des développements futurs. Or si l'on veut sortir de ce chiffre de 20 %, il faut clairement un développement des réseaux, des services et de la pratique d’Internet. Et cela ne se fait pas tout seul. La deuxième chose que je voudrais dire, c’est qu’autant les territoires peuvent être virtuels, élastiques, flexibles, autant les financements ne le sont pas. De récentes discussions avec l’opérateur avec lequel nous travaillons me prouvent qu'il raisonne comme d’ailleurs les autres opérateurs, en termes terre-à-terre et purement financiers. Ils examinent tel territoire, prennent une carte de géographie, envisagent combien de personnes sont raccordables, font le compte des clients potentiels, et annoncent : " ça me coûte tant, je mettrai de l’ADSL à condition que… ”. Moi, si je veux travailler autrement, je ne le peux pas. J’ai face à moi cette logique commerciale, d’ailleurs voulue par l’État, qui nous a même obligés à rentrer dans un système de concurrence dans ce domaine-là. L’élu que je suis est confronté à des problèmes matérialistes et terre-à-terre, immédiats. Voilà c’était ma première réflexion.

Ma deuxième réflexion est la suivante : je crois que les frontières ou les territoires purement et clairement définis disparaissent effectivement au vu de cette mise en réseau qui existe déjà au plan mondial. On le voit bien sur des quantités d’exemples. Le plus drôle a été lorsque des centres d’État se sont trouvés obligés de faire de la réglementation et de faire avancer le droit à une vitesse inhabituelle lors des premiers incidents qui se sont produits sur le web.


Mégalis, l'esprit du service public

Jacques Berthelot:
Le raisonnement que nous avons mené en Bretagne a été de doter le territoire breton des infrastructures lui permettant d’avoir accès aux différents services, et à l’ensemble de l'information mondiale, rassemblés sur le Réseau. Nous n’avons pas construit de tranchées, mais passé un appel d’offres de service. Ce qui nous intéresse n’est pas la possession des tuyaux mais simplement que les citoyens puissent utiliser ceux-ci avec un débit suffisant. Simultanément, nous développons des services soit directement, soit en lançant des appels à projets pour booster un peu cette demande. Nous tentons aussi de faire pression sur l’opérateur ou les opérateurs pour qu’en dehors de cette colonne vertébrale très haut débit (probablement le gigabit dans quelque temps), on essaie de diffuser et de capillariser l’ensemble du territoire. C’est un vaste programme en cours et chacun a vu qu’il ne suffit pas d’un Comité interministériel d’aménagement du territoire décrètant que tout le monde doit être avoir accès au débit d’ici 2005 pour que, dans les faits, cela se réalise simplement. Si les intentions restent extrêmement louables, cela ne se fait pas seul.
Pour revenir sur la notion de territoire breton. Est-ce que c’est la Bretagne historique ? Est-ce que c’est la Bretagne, plus Nantes ? On ne sait pas très bien. Nous avons, en partie, réglé le problème, puisque la région des Pays de la Loire a créé le même réseau que nous. On peut ainsi dire que les Bretons peuvent se retrouver sur ce réseau qui est d’une certaine façon cohérent, homogène, d’un côté ou de l'autre de la Loire, que l'on soit en Pays de Loire ou en Bretagne administrative actuelle.

Jean Guisnel:
Voilà une belle illustration de l’éclatement des frontières.







Mis à jour le 04 février 2008 à 15:20