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2002 : Milieux Extrêmes d’un monde à l’autre, Terre, Mer et Espace > TR 5 : Vingt mille vies sous les mers, Valorisation et usage du vivant en milieu marin, application à la région Bretagne >  Les nouvelles formes de vie découvertes

Les nouvelles formes de vie découvertes

Joël Quérellou, Ingénieur agronome, Directeur du laboratoire de microbiologie et biotechnologie des extrêmophiles, Ifremer

Biographie :

QUERELLOU Joël

Compte rendu :

Transcription :

22 novembre 2002 TR5


Discours de Joël Quérellou



Jacques Berthelot :

Nous commençons à cerner notre sujet qui est un problème d’éthique sur la liaison entre l’exploitation, la ressource, la meilleure façon d’exploiter. Peut-être, afin de conclure ces exposés préliminaires, pourrait-on demander à Joël Quérellou de nous parler de ce qui l’a toujours passionné, c’est-à-dire de la vie qui se trouve dans les grands fonds et, peut-être aussi, d’apporter son point de vue sur les aspects européens, et en particulier sur la réglementation européenne.

Joël Quérellou :
J’aborderai pour commencer ce que vient d’évoquer Monsieur Hussenot, à savoir l’articulation entre la recherche et la gestion des ressources au mieux des intérêts des usagers. Quand on parle des usagers, la plupart du temps, ce sont les communautés de marins pêcheurs qui sont les premières visées, parce que leur avenir économique immédiat en dépend, mais, au fur et à mesure que les préoccupations environnementales se renforcent, de plus en plus d’autres usagers apparaissent dans ce domaine et, en particulier, un certain nombre de groupes de pression au rang desquels les écologistes qu’on rencontre surtout au niveau européen et au niveau international, dès lors qu’il est question d’exploitation des ressources halieutiques.

Dans la chaîne permettant d’évaluer les ressources halieutiques, les attributions des uns et des autres sont relativement claires, même si le dispositif est compliqué. En Bretagne, ce sont dans la plupart des cas des équipes d’Ifremer qui sont chargées d’effectuer une évaluation des ressources halieutiques, que ce soit celle des algues ou celle de tel ou tel stock de crustacés ou de poissons, et de fournir, avec les qualités et les limites des outils dont ils disposent à un moment donné, la meilleure estimation possible. Pour faire une comparaison souvent utilisée, c’est la valeur que fournit le thermomètre le plus précis à un moment donné. Ces estimations sont fournies aux autorités, à la fois régionales, nationales et européennes, pour établir un diagnostic sur l’état des ressources qui font ensuite l’objet de décisions qui sont ensuite redescendues, après l’étape bruxelloise, pour application soit au niveau national, soit au niveau régional. Ce sont évidemment les autorisations de capture (TACs et quotas) que, bien souvent, les usagers (pêcheurs) ne peuvent pas assumer pour des raisons économiques en dépit des décisions qui sont affichées au niveau bruxellois. Entre l’estimation des stocks et ce qui peut être réellement pêché, on peut débattre de “ l’erreur stock ”. Mais, en aucun cas, l’Ifremer et ses équipes ne sont les décideurs de la politique de la pêche qui doit être mise en œuvre. Il y a là un point, assez souvent critique, qui est celui du partage des responsabilités, et je pense qu’on pourra l’aborder tout à l’heure.

Concernant les ressources issues des grands fonds marins, la préoccupation qui est la nôtre, à Ifremer, a été d’explorer et d’exploiter la diversité microbienne récupérée à la suite des campagnes océanographiques sur les sources hydrothermales des dorsales médio-océaniques. À partir de ces environnements, nous avons constitué une collection de micro-organismes. Pour des ressources qui exigent des campagnes océanographiques coûteuses (200 000-300 000 F par jour), est-il suffisant de conserver les échantillons ainsi que les microorganismes isolés dans des congélateurs et d’en faire des publications ? Est-il possible d’aller plus loin, comment et avec quels partenaires industriels, pour quel type de cible ? Les principales activités de valorisation ont porté sur la recherche d’enzymes, en particulier d’enzymes thermostables, avec des partenaires industriels. On arrive aujourd’hui pour certains produits au stade du développement et de la mise sur le marché. Cette collection a également été le support d’une recherche dans d’autres laboratoires, en particulier sur les exo-polysaccharides, ayant des propriétés susceptibles d’intéresser les secteurs de la cosmétique, de l’agroalimentaire et de la santé. Signalons qu’il existe un domaine qui est en friche, celui du criblage des propriétés de ces collections pour des aspects directement liés à la santé : activités anti-tumorales, anti-bactériennes, antivirales.

Citons enfin un dernier problème qui pourrait faire l’objet d’une discussion : à qui appartiennent ces ressources ? Est-ce aux pays les plus riches, à ceux qui sont capables d’aller les chercher ou au patrimoine mondial et, dans ce cas, devraient-elles être mieux partagées ? Actuellement, il y a une tendance, avec le dossier de l’extension des droits de ZEE aux 350 miles, à rechercher une protection des ressources qui, aujourd’hui, sont dites libres et internationales. La question de la propriété et du patrimoine que représente cet ensemble de ressources à fort potentiel biotechnologique pour les différents pays est donc posée.





Mis à jour le 31 janvier 2008 à 16:23