2002 : Milieux Extrêmes d’un monde à l’autre, Terre, Mer et Espace > TR 2 : Quelle éthique pour les explorations dans les milieux extrêmes ? >
Entreprise, recherche et extrêmeEntreprise, recherche et extrême
Éric Lesueur, Directeur des Affaires environnementales chez Vivendi Environnement, Président du CREED
Biographie :
LESUEUR EricCompte rendu :
Transcription :
21 novembre 2002 TR2
Discours de Éric Lesueur
Vivendi Environnement n’est pas une entreprise de communication, elle est intégralement dédiée à l’environnement, avec quatre activités principales : la distribution d’eau potable et l’assainissement, la gestion des déchets, les services énergétiques (gestion de réseaux de chaleur, etc.) et toute une activité de transport de voyageurs et par conséquent une implication forte dans les problèmes de logistique. Vivendi Environnement, c’est 30 milliards d’euros, 300 000 personnes dans le monde, une présence sur plus d’une centaine de pays. Dans notre vocation environnement, il y a une forte implication, de manière concrète, sur les problématiques de développement durable, tant auprès de notre personnel qu’auprès des clients que nous desservons.
La responsabilité, c’est avant tout la responsabilité d’une entreprise comme la nôtre qui est sous le regard des médias comme tant d’autres, mais qui est directement impliquée dans la qualité de vie de beaucoup d’habitants sur la planète.
Pourquoi nous intéressons-nous aux milieux extrêmes ? La première raison est d’accompagner de manière concrète, pragmatique, très terrain les activités des chercheurs qui, eux-mêmes, s’intéressent à nous éclairer sur les problèmes d’environnement, sur l’histoire de la planète, sur son avenir. Il est, par conséquent, logique que nous accompagnons cette démarche de manière très concrète. La deuxième raison est qu’il est important de parler de transfert technologique et d’essayer de se rompre à des exercices difficiles et de tester des démarches de gestion de l’environnement, par exemple de gestion d’effluents humains ou industriels, de décontamination de sols, de gestion des déchets, de gestion d’un service intégré environnemental dans ces conditions difficiles.
La troisième raison qui revient d’une certaine manière à prendre les chercheurs à leur propre piège, c’est que le milieu des chercheurs dans des conditions extrêmes qui ont été décrites, est un formidable lieu d’expérimentation sur les activités humaines. La société des chercheurs dans les milieux isolés, chercheurs qui sont par ailleurs des populations naturellement évoluées, conscientes des enjeux environnementaux auxquels ils participent, permet d’établir des programmes de protection de l’environnement, de gestion de la vie et de la minimisation des impacts environnementaux d’une micro-société humaine, de manière extrêmement intéressante. Pour ceux qui s’intéressent de près à l’environnement, vous savez sans doute qu’il y a eu beaucoup d’initiatives en Europe du Nord de créations de villages environnementaux modèles, par exemple on essaie sur un milieu que l’on isole le plus possible du reste de la société, de générer de l’énergie renouvelable et, avec cette énergie, d’alimenter des modes d’assainissement qui soient particulièrement modèles, de valoriser les déchets intégralement, etc. Dans le futur, peut-être, on pourra essayer d’appliquer une démarche environnementale totale dans les bases et stations scientifiques dans les milieux extrêmes.
Une autre raison est celle de la pédagogie environnementale. Si, nous-mêmes, sommes sous les feux des médias, nous préférons l’être pour montrer des actions intéressantes, constructives et vertueuses en matière d’environnement. Quand on participe, comme on s’apprête à le faire, avec des organismes polaires, australiens, chiliens ou français, pour la protection de l’Antarctique et qu’on s’implique dans de telles opérations, pour nous, ça a vocation de montrer comment, concrètement, une entreprise s’implique dans un cas difficile de préservation des ressources naturelles, ce qui est le cas de l’Antarctique, dans la problématique générale de la minimisation des impacts environnementaux, et cela doit avoir une valeur d’exemple que nous essayons de décliner sur l’ensemble de nos activités dans le monde.
Enfin, les milieux extrêmes sont des champs particulièrement sensibles au niveau de la perception qu’en a l’opinion publique dans le monde aujourd’hui, surtout dans nos sociétés développées, en particulier en Europe et lutter contre l’indifférence, c’est probablement lutter contre un des plus gros problèmes qui est la pollution de la planète et je crois que toutes les activités que peuvent avoir sur ce thème tous les acteurs, qu’ils soient des ONG, entreprises, etc., sont enrichissantes.
On a beaucoup parlé de froid, d’isolement, de glace des milieux extrêmes qui sont hostiles. N’oublions tout de même pas qu’un des grands chantiers de l’humanité, de manière générale, a consisté à rendre ces milieux moins hostiles pour pouvoir les habiter et, à ce titre-là, nous avons des actions très concrètes pour essayer de réalimenter en eau potable des zones désertiques, par exemple au Moyen-Orient : un des projets est de remplir la mer Morte avec de l’eau moins salée par des principes d’énergie solaire. Donc on peut aussi essayer à s’employer à rendre les milieux extrêmes moins extrêmes, plus vivables pour l’humanité. Je crois que ça fait partie des enjeux auxquels on doit aussi s’attacher dans le débat d’aujourd’hui.
Mis à jour le 30 janvier 2008 à 17:21