2000 : Vagues de pollution, impacts et prévention > TR 3 : L’eau à la bouche : Pollutions industrielles, agricoles, la loi sur l’eau et la sécurité sanitaire >
Discours de Guy ColinDiscours de Guy Colin
Président de la Confédération Paysanne du Finistère
Biographie :
COLIN Guy Compte rendu :
Transcription :
20 octobre 2000 TR3
Discours de Guy Colin :
Les problèmes environnementaux sont des enjeux importants.
C’est capital. C’est un enjeu stratégique dans l’évolution de la politique agricole et dans le devenir du métier de paysan, l’eau c’est essentiel,tout le monde le dit.Il faudra qu’on trouve des solutions et qu’on arrive à concilier la valorisation de notre production avec le respect de l’environnement.Pourquoi en sommes-nous arrivés là ? Nous sommes arrivés là parce qu’on est parti dans un système de production cautionné par les pouvoirs publics,qui ont laissé faire n’importe quoi en matière d’agrandissements,surtout en production hors sols.
Pourquoi a-t-on entendu parler de truies illégales ? N’y a-t-il pas eu,comme on en a entendu parler ce matin,de “ pavillons de complaisance ” ? N’y a-t-il pas eu complaisance des pouvoirs publics dans ce qui est arrivé à ce niveau-là ? Est-ce que dans ce système, l’appât du gain et du profit n’a pas été plus fort que le respect de la loi qui est pourtant le socle de la démocratie.
Il est difficile dans ce débat de parler de la diminution de la production agricole, parce que personne ne veut prendre le risque de réduire la production pour diminuer la pollution.
Nos organisations économiques, nos banquiers ont financé. Nous utilisons beaucoup d’intrants.Diminuer la production, c’est aussi diminuer tout cela, ces excédents d’azote. Les fournisseurs d’engrais, on a parlé de l’agrochimie, ne sont pas très pressés pour que les agriculteurs qui ont pris conscience du fait qu’il y a quelque chose à faire remplacent les engrais minéraux par les engrais organiques. C’est quand même incroyable qu’au niveau de la directive nitrates, on ne plafonne pas l’engrais minéral.On ne s’occupe que des engrais organiques.Or il va falloir adapter la fertilisation aux besoins des plantes, il y a tout un travail qui est fait au niveau de la Chambre d’Agriculture.Ce serait indispensable et les paysans deviendraient des agronomes.Il est nécessaire aujourd’hui de réfléchir,dans notre secteur,où l’on est dans une situation en excédent.Il va bien falloir réfléchir à la façon dont on va sortir de là. Il faut avancer quelques pistes concernant l’organisation au niveau local des plans d’épandage,. Faire 10 ou 20 kilomètres avec une tonne,on sait très bien que ça ne marche pas.Au niveau de la commune, au niveau de la CUMA, il y a des choses à faire : remplacer les engrais minéraux par des engrais organiques,raisonner la fertilisation,trouver des systèmes de traitements parce que c’est nécessaire même pour des agriculteurs qui n’ont pas de surface : il y a aujourd’hui dans notre région des paysans qui ont très peu de surface, mais qui sont agriculteurs.Ils ont le droit de vivre comme les autres.
Il est temps de prendre conscience que la course au volume est derrière nous, il faut se battre sur la valeur ajoutée pour avoir un revenu décent de notre métier. Le revenu passera par l’augmentation de la valeur ajoutée de la production et non par son développement à tout prix.Je voudrais dire aussi que les gens qui respectent la loi,qui se sont inscrits dans des démarches de traitements, qui ont les effectifs qui correspondent, qui ont mis en place une agriculture plus autonome, ceux qui produisent de l’herbe par exemple, ne sont pas aidés par la politique agricole,qui aujourd’hui ne favorise pas les expérimentations.On favorise toujours la prime au maïs, les cultures annuelles,on va aussi financer par le contrat territorial d’exploitation des couverts végétaux. Je crois que c’est indispensable de remettre en cause ce système et de concevoir une réforme des aides publiques qui tienne compte des hommes et pas toujours de la surface.Quand les pouvoirs publics mettent 1F pour dépolluer, qu’ils mettent 1F pour les agriculteurs qui s’impliquent dans des démarches d’agriculture durable. La Bretagne est riche de ses hommes, de ses paysans. Si on veut maintenir l’agriculture dans des exploitations agricoles indépendantes avec le statut de paysan, ce sera inévitablement par la reconquête de la qualité de l’eau,par la revalorisation de notre production avec la valeur ajoutée forte. La course au volume est derrière nous.
Mis à jour le 28 janvier 2008 à 14:55