2000 : Vagues de pollution, impacts et prévention > TR 3 : L’eau à la bouche : Pollutions industrielles, agricoles, la loi sur l’eau et la sécurité sanitaire >
Discours de Hubert de PoulpiquetDiscours de Hubert de Poulpiquet
Maire de Milizac,“ Projet d’unité de valorisation des lisiers, des boues des stations d’épuration et des déchets verts ”
Biographie :
POULPIQUET Hubert deCompte rendu :
Transcription :
20 octobre 2000 TR3
Discours de Hubert de Poulpiquet :
En tant qu’éleveur, je suis très attentif à ce problème de la qualité de l’eau. Je suis passé d’une agriculture intensive de producteur de bovins, il y a 13 ans, à une agriculture diversifiée.
Je me suis remis totalement en question voilà 13 ans.Sur le problème de l’agriculture, je crois que les débats qui vont suivre toucheront l’agriculture dite durable et l’agriculture intensive.C’est notre responsabilité à nous tous si l’agriculture est devenue si intensive. Les agriculteurs se sentent pris par les médias, on les accusent de tous les maux,“ ça sent mauvais, ça pollue ”.Ils sont arrivés à cette production à partir des années d’après guerre. On leur a demandé de produire sans savoir comment ils produisaient. Dans les années 1950, la grande distribution s'est mise en place et la mondialisation s’est faite jour :c’était la course effrénée à la production.Il faut dire que, autant dans d’autres secteurs économiques on applique des prix de revient, en agriculture, c’est une course de marchés, et s’il reste quelque chose l’agriculteur aura un revenu.Ils sont pris dans un système.Mais au delà de ce passé, la question qui est posée aux agriculteurs, c’est le problème de ces pollutions.Les statistiques qu’on peut avoir ne sont pas toujours convaincantes. Il y a des travaux de scientifiques qui justement, sur les ulves marines, mettent beaucoup en question le phosphore.Il semblerait,d’après les travaux d’IFREMER, qu’on reconnaît le développement des algues marines essentiellement sur juin et juillet.Quand on voit les travaux du professeur Lefebvre qui vous parle de quelques millions de porcs équivalents à je ne sais combien de millions d’urbains, ils oublient la possibilité qu’a la terre à assimiler que ce soit l’azote, le phosphore, la potasse.
Tout à l’heure je sais que je vais être pris pour cible pour cette fameuse station de traitement. Quand les parisiens seront partis nous aurons l’occasion d’en discuter. La question est quand même posée. Pour moi, c’est un non-sens de monter des usines.Je suis d’accord avec la population de ma commune et des communes voisines, le côté sentimental je le comprends.
Mais les règlements qui ont été mis en place, et là je me retourne vers les représentants des ministères, moi-même, que ce soit en tant qu’agriculteur, ou en tant qu’élu, il y a des réglementations que je ne comprend pas. Une station d’épuration dans une collectivité telle qu’une petite commune comme la mienne, 3000 habitants, nécessite un plan d’épandage. Si, comme le disaient les pouvoirs publics, il y a des métaux lourds en excédent, il est aberrant que sur 20, 30 voire 40 hectares à vide ou presque on mette ces effluents.
Il aurait été tout à fait normal de faire un circuit sur les différentes exploitations de la commune et on modifiait les intoxications.
Quand on parle de métaux lourds, ce sont quand même des métaux essentiels : le cuivre, le manganèse et tout ça dans la mesure où ils ne sont pas en excédent.
Autre question que je poserai aux pouvoirs publics concernant les plans d’épandage tels qu’ils existaient. Si un agriculteur a un plan d’épandage pour des fumiers de poules, c’est au cadastre avec un numéro spécifique. Sur une autre exploitation, un épandage sur du lisier sera encore numéroté au cadastre.
Là aussi on se demande si les décisions ne sont pas prises à la légère. Naturellement je reviendrais rapidement à la circulaire Voynet - Le Pensec. Pour moi aussi c’est une aberration d’avoir mis en place ce contrôle des 15 000 unités d’azote. Dans notre région, quelque soit le moyen d’abattement des taux d’azote, les agriculteurs qui perdront leur plan d’épandage devront acheter de l’engrais chimique. Et je terminerai sur mon inquiétude concernant les lobbies de la chimie, quand on voit que les apports d’azote en Bretagne, représentent 41% d’azote minéral chimique, 12% le pauvre sur qui on tire à boulets rouges, le bovin 39%, la volaille 12%.
C’est là que quelquefois je me pose la question, est-ce que les grands lobbies économiques ne sont pas derrière, de même que pour la qualité de l’eau, est-ce que ce n’est pas vers nos trusts, qui ont en main la qualité de l’eau, qu’on doit regarder ?
Mis à jour le 28 janvier 2008 à 14:54