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2000 : Vagues de pollution, impacts et prévention > TR1 : Vingt mille barils sous les mers, Science, politique et marées noires >  Discours de Christine Jean

Discours de Christine Jean

Responsable de l’Observatoire des marées noires, émanation des associations de protection de l’environnement

Biographie :

JEAN Christine

Compte rendu :

Transcription :


20 octobre 2000 TR1


Discours de Christine Jean :


Le terme d’observatoire est couramment employé avec une connotation scientifique. Dans le cas de l’observatoire des marées noires, l’idée est celle d’une structure de vigilance citoyenne. Le rôle de l’Observatoire n’est pas de se substituer aux scientifiques, mais de servir d’interface entre les pouvoir publics et la société civile. Ce sont les associations Bretagne Vivante et Ligue pour la Protection des Oiseaux, largement impliquées dans le sauvetage des oiseaux, qui ont été à l’origine de ce projet. Ce n’était pas le première marée noire, pourtant, il n’y avait pas de plan de sauvetage prévu pour les oiseaux mazoutés. L’objectif de l’Observatoire des marées noires est d’obtenir que l’on tire les leçons de cet épisode Erika. Qu’un retour d’expérience aboutisse à l’amélioration des dispositifs de prévention et de traitement de la pollution. Son objectif est aussi d’obtenir une évaluation de l’impact de la marée noire. Sur ce dernier point, des difficultés sont attendues compte tenu de l’absence d’état de référence sur les espèces et les communautés biologiques. Il est donc impératif que l’Erika serve à la mise en place d’un suivi pérenne des milieux naturels concernés, à un dispositif de veille écologique.
Cette absence de suivi s’explique notamment par le fait que si l’on forme aujourd’hui beaucoup de gens à la biologie moléculaire, l’on forme en revanche peu de naturalistes. Il existe ainsi un décalage important entre la demande sociale en matière de protection de la nature et de l’environnement et le nombre de personnes compétentes en matière d’espèces et de milieux.
Ce que j’ai retenu de l’Erika, c’est un immense paradoxe.
L’émotion suscitée par l’accident de l’Erika n’est pas due tant aux grandes mortalités d’oiseaux qu’au risque sanitaire.
Cette hypersensibilité au risque sanitaire n’avait pas existé lors des précédentes marées noires. Elle peut s’expliquer par les événements qui se sont produits depuis l’Amoco Cadiz, tels que la crise de la vache folle. Le paradoxe est que cet hypersensibilité au risque sanitaire est en train de jouer contre l’environnement. Comme l’a expliqué Michel Glémarec, la pollution est arrivée haut sur la plage, nécessitant d’importants travaux de nettoyage. Ces travaux ont dans bien des cas été excessifs, il s’agissait pour les élus de sauver la saison touristique. Mais une partie de l’opinion sensible aux questions environnementales a également été persuadée qu’il était nécessaire d’effacer toutes traces visibles de la pollution pour des raisons sanitaires. Une confusion entre risques sanitaires et confort de l’usager s’est instaurée et été entretenue par la DDASS, lors des tests effectués pour la réouverture de plages. Les opérations de nettoyage sont ainsi à l’origine d’importants prélèvements de sable et de laisses de mer qui représentent 80 à 90% des 200 000 tonnes de déchets récoltés. Un système de veille écologique ou d’observatoire permettrait de rendre compte des impacts de telles pratiques.







Mis à jour le 28 janvier 2008 à 10:00