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2006 : La biodiversité du littoral > TR 4 : Place du citoyen et des élus dans les prises de décision >  Gérer pour exploiter

Gérer pour exploiter

Yves Le Gal, Comité Scientifique Marin Daniel Jouvance, Sous Directeur Honoraire au Collège de France, Correspondant du Muséum National d'Histoire Naturelle.

Biographie :

LE GAL Yves

Compte rendu :

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Transcription :

14 octobre 2006 TR4


Discours de Yves Le Gal


Une partie des richesses biologiques de la mer et du littoral, qu’elles soient appréciées en termes de biodiversité ou de biomasse, est exploitée directement ou indirectement par l’homme par la pêche, les biotechnologies, etc… Ces ressources sont, par nature, renouvelables… si, toutefois, on se donne les moyens de les gérer correctement.

Small is beautiful … and efficient


Il convient, toutefois, de rappeler que la biodiversité de la planète, et donc des océans qui en occupent une grande partie est, pour, l’essentiel, le fait d’organismes unicellulaires : algues microscopiques, champignons, protozoaires, sans oublier les virus. Ce monde de l’infiniment petit est efficace. C’est lui qui assure une grande partie du fonctionnement global de la planète depuis les origines de la vie. Clairement, cela continuera ainsi, même après la disparition de l’Homme ou autre extinction massive d’espèces.
Dans ce contexte, l’Homme constitue d’ailleurs un phénomène tout à fait particulier : à son évolution biologique suivant des mécanismes communs à tous les êtres vivants s’est ajoutée progressivement une évolution par l’outil. C’est une méthode très « intelligente » mais risquée car elle augmente le pouvoir dévastateur de l’espèce et l’écarte de l’usage des méthodes naturelles d’adaptation au milieu. La sophistication des outils n’est pas nécessairement un gage d’adéquation au milieu et de survie.
L’Homme est cependant, quoi qu’on fasse, un fragment, parfois encombrant, de l’écosystème global. Son avenir passe ainsi, d’abord et nécessairement, par une compréhension, un respect du monde qui l’entoure et une responsabilité dans ses techniques de gestion environnementale. Le maître mot est donc gestion et ceci nous conduit à une vision tout à fait égoïste et utilitaire de la biodiversité.

Fausses bonnes idées


Mais avant même d’envisager des programmes ambitieux et complexes – qui n’échappent pas toujours à l’idée aujourd’hui révolue de maîtrise du monde par l’homme – il convient sans doute de faire le point sur nos actions passées et d’analyser sereinement toutes les fausses bonnes idées qui jalonnent nos politiques environnementales à micro ou à grande échelle.

Rappelons qu’en 1974 – année de la Protection de la Nature, les Conseillers Généraux bretons réunis à Pontivy, dans un magnifique élan, avaient « promis juré » de conserver au littoral breton son caractère « naturel ». Hélas !, il n’en restait, à l’époque même pas le dixième et, d’aménagements en restaurations, ce dixième a fondu rapidement : dunes-parking, ports de plaisance, immobilier rampant ou encore projets de récifs artificiels dans des espaces remplis de récifs naturels, pêches minotières pour subvenir aux besoins alimentaires des porcs, volailles ou poissons d’élevage. N’oublions pas les catastrophiques sur-remembrements et les pratiques visant à cultiver n’importe quoi, n’importe où, n’importe comment : le littoral en paie les frais pour longtemps… encore que les apports nutritifs agricoles excédentaires sont peut-être pour quelque chose dans la résorption (relativement) rapide de nos célèbres marées noires.
Soyons clairs, il s’est souvent trouvé des services techniques, des élus, des bureaux d’études pour assurer du caractère écologique et protecteur de ces initiatives. Le bioéthanol en est un exemple récent mais sûrement pas le dernier. Non, ce n’est pas un carburant écologique : il consomme de la surface agricole et des engrais à la production, de l’énergie à la distillation, et il produit à la combustion du CO2, gaz à effet de serre.
En bref, arrêtons d’aménager, d’organiser l’environnement, de décider ce qui est bon pour la nature. On ne peut manquer d’être sceptique et parfois même inquiet quant à l’intérêt de magnifiques projets visant à protéger telle ou telle zone alors qu’un laisser faire général règne à quelques encablures. Ne laissons pas agir sans contrôle élus, administrations qui, parfois sans penser à mal et souvent en méconnaissance totale de l’écologie tiennent à laisser une marque indélébile de leur passage. Il est souvent préférable de non-aménager plutôt que de créer l’irréversible.

Pistes pour demain


Une des grandes tares de notre époque est la pauvreté de la culture scientifique à tous les niveaux. La première tâche à effectuer consiste donc à former, à éduquer à la nature, à la compréhension de ses mécanismes. C’est un minimum pour pouvoir décider en pleine connaissance de cause.
Sur un autre plan, il convient d’utiliser les outils modernes élaborés par l’Homme. Non pas les outils qui accroissent la dépendance vis-à-vis du milieu mais ceux qui permettent d’analyser, de modéliser, d’aider à la décision, de prendre en compte la complexité écologique. Aujourd’hui, il faut penser écosystème, interactions, modèles. En un mot, il faut abandonner la vision conservatrice et protectionniste courante et se donner les moyens de vivre dans, avec et non contre l’environnement.





Mis à jour le 21 janvier 2008 à 12:26