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Présentation du projet du Conservatoire National Botanique de Brest avec l'ONG FanambyPrésentation du projet du Conservatoire National Botanique de Brest avec l'ONG Fanamby
Fanch Le Hir, Responsable scientifique des cultures et des collections du Conservatoire Botanique National de Brest, membre du Conseil d’Administration des Jardins Botaniques de France et des pays francophones, responsable des relations avec les Conservatoires Botaniques Nationaux.
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LE HIR FanchCompte rendu :
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Fanch Le Hir
Transcription :
14 octobre 2006 TR3
Discours de Fanch Le Hir
Je voudrais tout d’abord remercier l’équipe de 3B Conseils d’avoir invité Madagascar cette année. Quand on parle de biodiversité, on pense d’abord à la biodiversité locale, mais on pense aussi à l’échelle de la planète et Madagascar est l’un des dix hauts lieux de la biodiversité. Malheureusement, comme on l’a vu hier lors de la soirée cinéma, l’île est en peine et je pense à Betty Rakotomisa qui nous a décrit son émoi quand elle a vu son île. La situation est dramatique, mais je pense qu’il faut être optimiste, le problème malgache étant aussi un problème international, comme le disait Patrick Ranirison.
Je vais vous présenter un projet de création d’un Jardin Conservatoire Botanique dans le nord de Madagascar avec l’association Fanamby, ici présente, dans la province d’Antsiranana.
Madagascar est une île continent, sa superficie égalant celles de la France et du Benelux réunies. 80% de la flore est endémique, la faune également. Sur les 400 familles présentes à Madagascar, 210 sont endémiques, c’est-à-dire que si une famille disparaît de Madagascar, elle disparaît de la planète. Je ne m’étends pas sur les menaces qui pèsent sur la flore, mais vous avez vu ce que donne la déforestation, des problèmes d’érosion comme l’ensablement des rivières. Madagascar a créé des parcs nationaux très tôt et a un très grand réseau. Lors du colloque sur la biodiversité, tenu à Paris en 2005 sous la présidence de Jacques Chirac, une très forte délégation malgache était présente et le président malgache a parlé de « développement durable et rapide », parce que le problème de l’environnement est aussi un problème économique, un problème important dans lequel doivent s’impliquer les réseaux de scientifiques mondiaux.
On a parlé ce matin d’outils de conservation, de valorisations, de parcs marins, d’aires marines protégées … En France, il existe un outil spécifique dans le domaine de la préservation de la flore, il s’agit des Conservatoires Botaniques Nationaux. L’idée est de transférer ce concept dans la partie nord de Madagascar avec l’ONG Fanamby. Les objectifs sont :
- de mettre en réseau les problèmes de recherche sur la flore du nord de Madagascar
- d’élaborer une liste rouge parce qu’on connaît les menaces on sait que telle ou telle espèce est rare mais on n’a pas suffisamment de recul et d’analyse pour développer des stratégies
- de mettre en place des suivis in situ, parce que la priorité est de conserver les espèces dans leur milieu car parfois, la protection d’une espèce permet la protection d’un milieu
- de mettre quelques cas d’espèces en culture pour les multiplier, les conserver, les réintroduire
- de développer l’écotourisme, Patrick Ranirison a parlé de 250 000 personnes, je pense que c’est un chiffre qu’il faut faire évoluer, si l’on fait comprendre aux populations locales qu’il faut conserver parce qu’il y a un intérêt de valorisation, d’utilisation pour les gens de passage et pour l’éducation, les côtés développement local et éducation étant importants pour faire accepter un projet.
Les porteurs du projet sont l’ONG Fanamby et le Conservatoire Botanique National de Brest. Je peux vous certifier que Fanamby fait un très bon travail de terrain, j’ai pu le voir en juin dernier. On parle souvent de Madagascar comme un pays sous-développé, mais il y a des enseignements à tirer de leur façon de faire avancer des projets.
Deux mots sur le Conservatoire Botanique National de Brest : il y a un pôle international, c’est pourquoi nous nous impliquons dans ce projet à Madagascar, avec les serres qui renferment des espèces menacées voir même disparues du milieu naturel et également un travail sur la flore indigène du massif armoricain. Plusieurs Conservatoires Botaniques Nationaux existent en France, et il y en a également à la Réunion et d’autres sont en cours de création en Martinique, Guadeloupe et Guyane.
Nous disposons d’un réseau de sites complémentaires. Madagascar est une île avec beaucoup de zones climatiques différentes et des formations végétales différentes. Si l’on veut être efficace, il ne faut pas faire un « méga » projet qui coûterait cher, mais un réseau de petites structures. Il y a déjà des outils qui existent, comme la base de données flore, l’herbier est également commencé sur Daraina, la banque de semence (moyen assez peu coûteux en énergie et en moyen humain pour conserver de la diversité génétique), et des lieux ouverts aux populations locales.
Nous avons déjà réfléchi à des sites potentiels : le site où se trouve Fanamby à Daraina, une propriété privée près de Diego-Suarez au pied de la montagne d’Ambre qui est un parc national, ou sur un site de l’île de Nosy Bé, ce qui serait intéressant car la plupart des touristes passe à Nosy Bé et cela aurait donc une importance en terme d’autofinancement des projets.
L’idée est d’associer des partenaires potentiels qui travaillent dans des domaines bien précis, par exemple les scientifiques anglophones (anglais et américain) sont partout, y compris à Madagascar, il faut donc aussi les associer et être complémentaires – ils font par exemple beaucoup de travaux d’inventaires. Il y a aussi des associations brestoises qui ont beaucoup de liens avec Madagascar.
Voilà présenté le défi pour une meilleure conservation de la flore malgache.
Mis à jour le 21 janvier 2008 à 11:28