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2006 : La biodiversité du littoral > TR 2 : Outils et modèles de recherche pour étudier les écosystèmes >  Présidence

Présidence

Bernard Chevassus-au-Louis, Directeur de recherches à l’Institut National de Recherche Agronomique, ancien Président du Muséum National d’Histoire Naturelle jusqu’en 2006

Biographie :

CHEVASSUS AU LOUIS Bernard

Compte rendu :

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Transcription :

13 octobre 2006 TR2


Discours de Bernard Chevassus-au-Louis


Ce matin, on a mis en place le décor de la biodiversité, on a montré ce qu’est la biodiversité. Pour faire un résumé pour ceux qui n’était pas là, je prendrai l’image suivante. Si on vous présente des acteurs de la Comédie Française, c’est extrêmement ennuyeux. Si on vous montre toutes les pièces de théâtre qu’ils sont capables de jouer, cela devient passionnant. Le message qu’il faut retenir, c’est que le plus important dans la biodiversité, c’est l’ensemble du réseau de relations que tous ces acteurs peuvent nouer, des individus, des espèces, des écosystèmes et ce qui fait sa valeur et son intérêt, c’est cet extraordinaire répertoire dont nous ne voyons qu’une toute petite partie.

Nous allons parler cette après-midi des systèmes d’observation et de suivis. Je voudrais expliquer en introduction pourquoi ces systèmes sont importants et pourquoi ils sont encore aujourd’hui des parents pauvres de notre dispositif. Ils sont importants parce que dès lors qu’on est persuadé que la biodiversité évolue, autrement dit elle n’est pas figée et statique – on peut faire un calcul montrant que 99 % des espèces ayant jamais existé ont aujourd’hui disparu - donc, dès lors que cela bouge, on doit pouvoir suivre ces évolutions et admettre – on l’a vu ce matin – que toutes les interventions humaines, les activités humaines, ne sont pas forcément néfastes : certaines le sont, certaines peuvent être bénéfiques et en plus, comme le dit le dicton « l’enfer est pavé de bonnes intentions », c’est parfois les choses qui apparaissent comme le plus catastrophiques qui, en fait, ne posent pas de problème, on l’a vu dans le cas de l’Erika, alors que des choses qui apparaissent tout à fait anodines, comme par exemple des pollutions chroniques par les peintures à bateau, ont des conséquences beaucoup plus fortes. Donc il faut pouvoir suivre car justement, on ne connaît pas forcément les conséquences de ce que l’on fait. Il faut pouvoir suivre aussi – et cela a bien été affirmé dans la charte de l’environnement – dès lors que l’on pense que l’expertise scientifique aujourd’hui, même si elle fait de son mieux, n’est pas en mesure de prédire toutes les conséquences de décisions qui seraient prises. Ou on se réfugie derrière « si on ne sait pas tout, on ne ferait rien » - c’est ce que les gens qui sont contre le principe de précaution ont tendance à donner comme définition pour pouvoir mieux le démolir - ou on décide et on se donne les moyens de voir si ce qu’on a décidé a les effets attendus ou non.
Vous voyez que les systèmes de suivis et d’observation vont jouer un rôle considérable dans la suite de notre aventure humaine. Or, et c’est ce dont nous discuterons cette après-midi, ils risquent d’être les parents pauvres pour deux raisons au moins.
La première, c’est qu’il se joue parfois une partie de ping-pong entre les chercheurs et les décideurs, les institutions ayant tendance à dire que les observations ne sont pas vraiment de la science et de la recherche et qu’il n’est donc pas prioritaire de mettre en place un système d’observation ; et les décideurs disant que ce n’est pas vraiment de la décision, il appartient à d’autres de mettre en place les systèmes de suivis.
Je rebondis sur une apostrophe que j’ai entendue ce matin : « que font donc les ethnologues en Thaïlande ? » Effectivement, il faut reconnaître qu’une grande partie des disciplines scientifiques s’est intéressée à la biodiversité extraordinaire, aux grands points chauds de la biodiversité alors que de plus en plus, on se dit que la nature ordinaire, celle qui nous entoure, c’est là que vont se jouer les enjeux de demain. Si on décide un jour qu’il faut faire autre chose que la céréaliculture en Beauce, on n’ira pas chercher les espèces nécessaires en Nouvelle-Calédonie pour recréer des écosystèmes productifs. Autrement dit, c’est la nature que l’on gère aujourd’hui, là où nous sommes, chacun dans la diversité de nos activités, qui fait la nature importante pour demain. Il faut redéployer notre attention sur ces choses qui sont moins spectaculaires – j’ai beaucoup aimé ce matin la discussion autour de l’esthétique, le fait de se dire que ce qui est important ce n’est pas le plus spectaculaire, le plus beau, ce qui fait les belles photos aériennes ou le plus beau film de plongée sous-marine, mais que ce peut être une nature beaucoup plus banale qui se déroule sous nos pieds – et on parlera je pense des stations d’épuration cette après-midi.

Donc, le fait de se dire à propos de la nature ordinaire « c’est ça qu’il faut suivre, c’est ça qui est important et c’est ça qui construire notre avenir », sera mon message fort pour lancer ce débat.





Mis à jour le 18 janvier 2008 à 15:36