2009 : L'Heure bleue : Changement climatique, énergies de la mer et biodiversité > Table Ronde 1 – Changement climatique : les enjeux Nord Sud, la sécurité maritime et pêche >
TémoinsTémoins
Marianne Piqueret, Chef du bureau Activités Maritimes développement durable, au sein de la division d'Actions en mer, Préfecture Maritime Atlantique
Marc Boeuf, Pôle Mer Bretagne-PACA
Gérald Hussenot, Secrétaire général du Comité régional des pêches
Biographies :
HUSSENOT Gérald,
PIQUERET Marianne,
BOEUF MarcCompte rendu :
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Transcription :
15 octobre 2009 Table ronde 1
Débat :
Michel Glémarec : Je voudrais faire un commentaire sur l’origine de la création de réserve et de Natura 2000. Il y a plus de 10 ans de ça, nous avions perçu qu’il y avait des cycles et que ces cycles avaient des périodicités différentes. On publiait, dans les années 1960, sur les tâches solaires… On avait des cycles de 5 ans, 7 ans. Les cycles existent toujours, mais ils sont masqués par une grande tendance : le réchauffement climatique. Cette année, on a revu quelque chose de tout à fait exceptionnel notamment sur la côte Nord bretonne : des pieuvres ! Elles avaient disparu avec l’hiver 62-63, on les a revues à la suite de l’année la plus chaude du millénium, en 1998, on les a revues en 2000 en pays Bigouden manger tous les poissons qui étaient dans les filets. Quelle en est la cause : le cycle ou le réchauffement climatique ? Les pêcheurs posent la question aux scientifiques qui n’ont pas de réponse. Les pêcheurs en savent dix fois plus que les scientifiques au niveau pratique puisqu’ils sont en mer tous les jours alors que les scientifiques y vont de temps en temps. Je crois que là, il y a une part de réponse. Les cycles existent toujours, mais ils sont masqués par cette grande tendance. Si on compare les listes d’espèces du siècle dernier et une actuelle en ce qui concerne par exemple la Rade de Brest pour laquelle nous avons des listes de mollusques qui datent de 1830, 1850, nous pouvons avoir un discours très négationniste en ce qui concerne le changement climatique car ces listes sont relativement inchangées. Par contre, c’est l’importance de chaque espèce dans le système qui a changé. Nous avons, aujourd’hui, pour la biodiversité fonctionnelle, un manque au niveau de la recherche. Ce n’est pas le fait de compter des espèces, ce qui est important c’est le rôle de chaque espèce. Quand il y avait 3000 tonnes de coquilles en Rade de Brest, elles avaient un autre rôle que celui qu’elles ont aujourd’hui quand il n’y en a plus que 300 tonnes et qu’une autre espèce est arrivée.
Pour répondre aussi et pour compléter ce que dit Gérald Hussenot, il est clair que nous voyons arriver des espèces du sud. Mais elles ne peuvent s’installer que là où il y a un manque, là où, peut-être la pêche a été trop forte. Je pense par exemple à la grande vasière où l’on voit quelques Galidae arrivés du sud, mais c’est peu important. Les pêcheurs de la côte nord me disent que cette année, effectivement, il y a un Galidae qui est arrivé, il ne savait pas l’identifier. Mais ce sont des choses insignifiantes.
Donc je crois qu’on peut avoir un discours totalement négationniste sur ces questions-là. Depuis 5 ans que je fais partie du Comité Economique et Social je me suis posé le problème de la gouvernance, Il y a là des hésitations. Nous appliquons des directives européennes dans le domaine de l’environnement, de la pêche et la région est un relais très fort. La région Bretagne peut avoir une position très ferme en ce qui concerne sa pêche qui sera différente d’une autre région comme l’Aquitaine par exemple. Mais l’Etat français ne peut avoir une position vis-à-vis de ces thoniers océaniques construits chez Piriou, mais qui travaillent dans l’Océan Indien ou bien ceux qui sont en Méditerranée qu’on va casser alors qu’ils n’ont que 5 ou 7 ans. Donc la gouvernance se fait région par région et, pour les problèmes d’environnement, la région est encore trop large. La bande côtière jusqu’à 12 miles est déjà loin et je préfèrerai, si on veut défendre des espèces qui sont en péril, qu’on revienne beaucoup plus près de la côte. Dans les années 90, quand la DIREN a convoqué les scientifiques, on a fait des zones en nous disant que, pour les défendre, il fallait que nous ayons des arguments extrêmement forts au niveau des espèces et au niveau des zones. Donc les zones que nous avions proposées étaient très restreintes. Ensuite l’Europe a déclaré que la France était coupable parce qu’elle n’avait pas fait assez de zones. Alors les directives gouvernementales sont arrivées l’année dernière pour étendre massivement les zones. Du coup, les scientifiques et les naturalistes n’ont plus forcément les meilleurs arguments aujourd’hui pour défendre ces zones. Par exemple pour le milieu de la Manche, sur des fonds profonds de 70-80 mètres, nous n’avons pas forcément les meilleurs arguments pour défendre cette zone où il y a déjà une certaine pauvreté de la biodiversité. Cela veut dire que les premiers scientifiques consultés devaient absolument avoir des arguments très forts donc les zones de type Natura 2000 étaient restreintes, proches du citoyen, proches du littoral. Aujourd’hui, on parle de défendre bientôt toute la Manche. Dans ces conditions, je crois que tout le monde perd en crédibilité. S’il y a un malaise c’est parce que les problèmes de gouvernance ne sont absolument pas résolus aujourd’hui.
Question du public : Cabinet Presqu’île basé à Dunkerque spécialisé dans le développement durable. Nous avons été amenés à suivre deux dossiers d’investisseurs sur des projets d’éoliens offshore et je voudrais témoigner ici de l’incroyable parcours du combattant que constitue aujourd’hui, pour un investisseur, cette démarche. Je me permets de réagir un peu au propos préliminaire de madame la représentante de la Préfecture maritime lorsqu’elle dit qu’elle a tout fait pour faciliter aujourd’hui les projets et qu’elle semble s’étonner qu’il y ait 0 MW installé sur 6000 MW annoncés. Aujourd’hui, en France, 12 investisseurs ont déposé des projets entre Cherbourg et Boulogne. Donc, il y a largement de quoi atteindre les objectifs fixés par le gouvernement. Pour ces investisseurs, pendant des années, il y avait une impossibilité totale de trouver une lisibilité de réalisation d’un projet notamment, lorsqu’on rencontre des représentants des services des préfectures et en même temps la concertation parallèle avec les services à terre.
Premier exemple au large de Dunkerque, un projet était porté par Shell et Total, gros opérateurs pétroliers qui ont l’habitude des opérations en mer. Ils ont décidé après 3 ans de concertation et de travail au meilleur niveau d’abandonner leur projet et d’ailleurs d’abandonner définitivement tout projet éolien en France.
Le second projet est celui des « deux Côtes » au large de Dieppe qui représente un investissement de 1 milliard 500 millions d’euros, pour réaliser l’équivalent d’une tranche nucléaire. Après 4 ans de concertation, on est pratiquement toujours au même stade.
Vous évoquiez l’appel d’offre de 2006 où il fallait répondre à des tarifs tellement bas que personne n’a répondu sinon le projet Veulette et je ne suis pas sûr qu’ils ne s’en mordent pas les doigts.
Ensuite, ce que vous appelez de façon incorrecte un « tarif de rachat » qui est un « tarif d’achat » puisqu’on ne rachète rien, qui, aujourd’hui, a effectivement permis une première lisibilité, la rentabilité économique d’un projet. Mais c’est toujours extrêmement complexe puisqu’on a mis des années à savoir qu’elle serait la taxe professionnelle reversée aux communes littorales, à déterminer s’il fallait ou pas une ZTE comme pour les projets à terre – dans le cadre de la simplification, ça a été supprimé… Je crois qu’il faut comprendre que pour un investisseur qui a de l’argent, un projet et une volonté de faire, il y a une grande lassitude aujourd’hui et surtout le sentiment d’une sorte de schizophrénie entre deux discours. Il y a le discours officiel qui dit qu’il faut faire, mais les obstacles sont très nombreux. On évoquait la Belgique tout à l’heure. C’est un pays qui a 70 kilomètres de côtes, qui réussit quand même à avoir deux grands ports : Zeebrugge avec un terminal méthanier et Anvers, une pêche, une activité touristique et trois zones de concession pour réaliser en mer des projets éoliens. Ce n’est pas si difficile, le Royaume-Uni l’a montré, l’Allemagne aussi, il y a 60 projets éoliens en mer.
Je crois qu’il faudrait aujourd’hui arrêter de se cacher derrière son petit doigt et montrer que si on veut faire des projets en mer, il ne faudra pas simplement dire qu’on a envie mais aussi le montrer dans la réalité.
Alain Clément : Je suis directeur du laboratoire de mécanique des fluides à l’Ecole centrale de Nantes et aussi un scientifique qui travaille sur les énergies marines. Je voudrais revenir sur l’intervention du Comité régional des pêches. J’ai bien entendu, comme on l’entend depuis longtemps, le sentiment de menace, de disparition ou en tout cas de diminution de la pêche et je le comprends tout à fait. Mais dans cette intervention, je n’ai pas du tout entendu, en contre point, le fait que le déploiement des énergies marines renouvelables va amener beaucoup de nouveaux métiers. Il faudra installer ces barges, les maintenir de façon régulière… Il y a des métiers liés au littoral qui n’existent pas encore, mais qu’il va falloir inventer. Il y a donc une ouverture sur de nouveaux métiers de la mer, pour les marins. J’aimerais quand même entendre ça de la part des marins et qu’ils comprennent qu’il va y avoir des opportunités peut-être pas pour les marins d’aujourd’hui, mais peut-être pour leurs enfants et leurs petits-enfants. Je pense qu’il faut être conscient de cela. A mon avis, si c’est inéluctable, alors plutôt être avec que contre. Comme j’ai l’habitude de le formuler, jusqu’à présent, on allait pêcher des poissons dans la mer, à partir d’aujourd’hui, pas encore en France, mais dans d’autres pays c’est déjà commencé, on va « pêcher » de l’énergie en mer. Il faudra donc les moyens et les métiers qui sont associés.
Brigitte Bornemann-Blanc : Alain Clément est le responsable pour IPANEMA du groupe de recherche et formation. C’est également un scientifique, comme il vous l’a précisé, qui a mis au point un système houlomoteur, pour l’énergie des vagues : SERAEV. C’est lui qui propose, dans le cadre de l’appel d’offre lancé par l’Ademe, pour le fonds de démonstrateur de 400 millions d’euros répartis sur 4 ans, un lieu de démonstration au large du Pays de la Loire près du Croisic.
Nous avons également avec nous Marc Bœuf, qui fait partie de DCNS, mais qui est également pour le Pôle Mer Bretagne-PACA, un des bons observateurs de ce qui se passe au niveau des énergies de la mer. Est-ce que vous pouvez nous dire deux mots sur le Pôle Mer et sur ce que vous allez faire demain.
Marc Bœuf : Je voudrais passer quelques messages d’actualités sur les affaires d’énergies marines au sein du Pole Mer Bretagne. C’est l’un des 4 pôles de compétitivité sur le territoire de la Bretagne. Son premier objectif est de développer des projets de recherche et développement en collaboration entre les industriels, PME et grands groupes, et les laboratoires de recherche. L’objectif étant de mener à bien des projets qui permettront de développer une économie innovante. Le périmètre du Pôle Mer c’est évidemment la mer avec 5 thématiques pour laquelle il y a une commission :
. la sécurité et la sûreté maritime
. le naval et le nautisme, tout ce qui flotte, tous les types de bateaux
. les ressources énergétiques marines avec un volet énergies fossiles, offshore pétrolier un peu plus classique et surtout les énergies renouvelables marines dont l’actualité est très chargée en ce moment
. les ressources vivantes avec un volet pêche, aquaculture (développement de technologies, de nouveaux systèmes de pêche sélective et performante) et un volet biotechnologies marines, valorisation des molécules issues de la mer pour les marchés de la santé, de la cosmétique, de l’alimentation
. l’environnement, le génie côtier, l’océanographie opérationnelle, les infrastructures portuaires, les ports du futur, les ports propres.
Concernant les énergies marines, l’actualité est assez dense. Aujourd’hui, il y a la clôture d’un événement important au niveau national, de l’appel à manifestation d’intérêt, développé par l’Ademe, qui va recevoir, je l’espère, de nombreux projets de systèmes de démonstration qui devront être capables de s’installer en mer et de démontrer la faisabilité technique, mais aussi économique, de ces systèmes de récupération d’énergie en mer. On en fera la cartographie dans les semaines qui viennent, mais il y aura des projets d’éoliennes flottantes, d’hydroliennes, des projets houlomoteurs, des projets d’énergie thermique des mers qui vont probablement être déposés. Concernant le Pôle Mer Bretagne, nous avons aujourd’hui 5 projets qui ont été montés, accompagnés et labellisés par le Pôle. Je vais vous en faire une description extrêmement brève.
Historiquement, le premier projet est un projet d’hydrolienne que beaucoup connaisse, qui s’appelle Sabella qui a été testé dans l’embouchure de l’Odet il y a quelques mois. Cette hydrolienne doit récupérer l’énergie des courants de marée.
Le deuxième projet en parallèle, c’est un projet d’éolienne flottante. Il s’agit de récupérer les vents marins qui sont, de l’avis des énergéticiens, de bonne qualité car ils sont assez soutenus, assez constants, assez peu perturbés et de les récupérer dans des zones où, autant que faire se peut, il y a le moins possible de conflits d’usage potentiels. Il s’agit de ne pas de gêner les activités qui existent aujourd’hui, on a parlé de la pêche, mais il y a aussi la navigation, la plaisance… Ces éoliennes flottantes ont l’avantage d’être immergées par des fonds plus importants que ceux du nord de l’Europe. Les champs d’éoliennes en mer dont on parle sont des champs qu’on dit posés, qui sont donc solidaires du fond avec des technologies plutôt de BTP par des fonds de 0 à 50 mètres. Lorsqu’on va au-delà, et c’est ce qu’on trouve souvent sur les côtes en Bretagne où la bathymétrie descend assez vite, la technologie flottante est intéressante. Ce sont des plates-formes flottantes ancrées qui supporteront des éoliennes de technologies très différentes.
Au Pôle Mer, il y a deux projets retenus et déposés à l’appel de l’Ademe. Un projet qui s’appelle DIWET avec un consortium de laboratoires et de PME et de sociétés et un autre projet qui s’appelle WINFLO. Ces deux projets proposent des technologies différentes et tout à fait complémentaires.
Le quatrième projet labellisé par le Pôle est un autre projet d’hydrolienne, MegawattForce, qui est un système qui récupère les courants de marée comme Sabella, mais avec une technologie différente : plutôt que de fabriquer du courant électrique sous l’eau, il préfère récupérer de l’eau sous pression qui est véhiculée sur le continent via des tuyauteries et le courant est fabriqué sur le littoral. Cet autre concept fait également l’objet d’un dépôt à l’Ademe.
Le cinquième projet est un peu différent, c’est un projet sur les carburants. Il ne s’agit pas de fabriquer directement de l’électricité, mais de fabriquer des huiles ou des hydrocarbures à partir de synthèse au sein de microorganismes qui sont des algues unicellulaires élevées en semi extensif avec un centre d’essais qui serait expérimenté dans la région de Lorient.
On voit qu’il y a une actualité relativement importante en termes de projets.
En parallèle, le Pôle Mer est très impliqué dans les démarches nationales, voire européennes pour essayer d’optimiser ces développements. Ce qu’il faut voir c’est que ces énergies apportent des solutions de production d’énergie, mais elles apportent aussi un potentiel de développement économique, de filières industrielles. La tâche du Pôle Mer est évidemment sur les deux volets. Ce qui est intéressant, particulièrement pour le développement en Bretagne, c’est que cela permettrait de créer des emplois. Si on regarde en Belgique ou en Allemagne avec l’éolien offshore posé par petits fonds, des dizaines de milliers d’emplois ont été créés.
Parmi les initiatives énergies marines en France, il y a IPANEMA qui a été signé par des représentants du monde économique, scientifique et institutionnel qui sont les acteurs représentatifs de la société. IPANEMA doit permettre de mener un certain nombre de réflexions. Prochainement, les résultats de ces travaux seront communiqués pour avoir une approche globale concertée des différentes énergies marines au niveau national.
En parallèle, il y a d’autres initiatives, des soutiens qui se font via des filières professionnelles, les laboratoires et structures liées au Ministère de la Recherche. On sent un certain bouillonnement, il y a une actualité extrêmement dense et l’on espère que cela donnera de véritables projets très concrets. On est confiant que, en particulier pour les démonstrateurs à la mer, on va commencer à voir des machines de dimension importante. Je pense que les soudeurs et les chaudronniers vont se mettre à l’ouvrage, espérons en Bretagne, pour que ces systèmes puissent être installés en mer dans un esprit de concertation et de développement commun.
Brigitte Bornemann-Blanc : Comment les industriels font-ils la part des choses entre les activités françaises, c’est-à-dire les perspectives d’implantation de ces machines sur les territoires français, et leurs perspectives d’exportation ?
Marc Bœuf : Cela varie évidemment selon la nature des industriels puisqu’au Pôle Mer, nous avons des représentants de groupes de taille différente, des Pme, des industriels qui ont des chantiers, des accès à des infrastructures portuaires. En règle générale, le marché est toujours considéré comme un marché international. C’est un marché européen intéressant puisqu’on sent qu’il y a une demande, en tout cas de l’Europe du nord et de certains pays de l’Europe du sud (Portugal, Italie) et l’on voit que les Etats-Unis, l’Extrême-Orient commencent à se positionner. Donc le marché est de fait international. Mais il faut progresser par étapes. C’est toujours intéressant de commencer en local pour montrer, faire ses preuves sur le marché domestique avant d’attaquer l’international. Le marché est un marché qui concerne l’ensemble des zones maritimes mondiales.
Brigitte Bornemann-Blanc : Est-ce que aujourd’hui l’ANR a financé, par l’intermédiaire du Pôle Mer, des projets ?
Marc Bœuf : Le Pôle Mer est un pôle de compétitivité qui n’a pas de structure de financement directe. Il fait donc appel à un certain nombre d’organismes qui accompagnent le développement de la R&D. L’Agence Nationale de la Recherche en est un, mais il y en a d’autres. L’ANR, aujourd’hui, ne prend pas en compte une thématique maritime ou plus précisément « énergies marines renouvelables », mais ça pourrait évoluer. Il y a une autre structure qui s’appelle le Fonds Unique Interministériel qui est un fonds de financement entre plusieurs ministères qui peut accompagner un certain nombre de projets. Mais aujourd’hui, il est clair que l’Ademe apparaît comme la structure la plus ambitieuse et la plus adaptée pour ce type de soutien. Je rappelle que c’est vraiment un soutien au stade amont des projets, sur la partie recherche et développement. Ensuite, les développements industriels se feront sur les moyens des financiers, des industriels.
Brigitte Bornemann-Blanc : On n’a pas encore parlé du Secrétariat général à la mer. C’est une structure importante. Comment fonctionne-t-il avec les pôles de compétitivité ?
Marc Bœuf : Il y a une interaction très constructive avec le Secrétariat Général à la Mer qui est transversal et rattaché directement au Premier Ministre. Il joue un rôle de liant interministériel par définition. Il est donc de toutes les instances de réflexion et de construction de ces différentes démarches. Maintenant, il est vrai qu’il y a un certain millefeuille en France, il y a de nombreux ministères et on ne peut pas échanger avec des grands ministères comme le Ministère du développement durable, le Ministère de la Recherche, le Ministère des Finances puisque c’est lui qui tient les cordons de la bourse, le Ministère de la Défense qui joue aussi un rôle non négligeable dans ces affaires maritimes. Donc le Secrétariat Général à la Mer a vraiment un rôle de « maritimisation » de ces différentes structures ministérielles, mais il n’est pas un ministère de la mer.
Brigitte Bornemann-Blanc: Je vais demander à chaque intervenant, quelle est la question qu’il souhaite se poser.
Marc Bœuf : La question que je me pose en ce moment, c’est qu’il y a de très nombreuses démarches en parallèle au niveau institutionnel, industriel ou des laboratoires de recherche. Il va donc falloir trouver la bonne feuille de route au sein de toutes ces voix diverses et variées en espérant que dans quelques années on ait vraiment contribué à développer des systèmes respectueux de l’environnement, qui produisent de l’énergie, mais aussi et surtout, et c’est la vision du Pôle Mer, qui créent des emplois. On fait tout pour, mais on se donne rendez-vous dans 2 ou 3 ans quand les démonstrateurs auront démontré leur efficacité.
Marianne Piqueret : La question aujourd’hui c’est « est-ce qu’on va y arriver ? ». Pour le moment, on dépense beaucoup d’énergie, mais va-t-on enfin réussir à produire ?
Anne Choquet : Ma question donne suite à la réaction de Gérald Hussenot qui disait qu’il fallait être un peu plus optimiste, ne pas laisser une impression négative. La question pour l’Arctique c’est « Comment peut-on faire ? », mais ici c’est « Comment peut-on être plus positif ? ». Je trouve que finalement, même si la question de l’environnement se pose, il y a quelque chose de beaucoup plus positif qui apparaît. La question c’est « Comment va-t-on faire pour que cela dure ? ». C’est en fait, toute la question de la gouvernance Arctique, comment peut-on l’envisager, surtout sur le long terme.
Gérald Hussenot : Je rejoins un peu ce qui vient d’être dit. L’idée c’est « Comment faire passer un message de prise en compte de l’ensemble des problèmes globaux planétaires d’une façon positive ? » Comment positiver cela, comment faire pour donner une image de réflexion positive, pertinente, qui sorte du catastrophisme ambiant, qui ne donne pas une image d’une réflexion toujours anxieuse. Comment donner à la jeunesse une image positive d’un avenir qui sera ce qu’il sera mais qui sera supportable et non pas un avenir noir ou sombre ? Comment transmettre ce message ?
Raymond Lae : Je vais partir de la même question et je ne vais pas arriver au même résultat. Je pense effectivement qu’on doit se poser la question, mais la transmission de ce message suppose de partir d’un bilan réel et objectif. Sur la partie maritime, la ressource est menacée par le changement climatique et par son exploitation. Je ne vais pas rentrer dans le détail de la Bretagne. Beaucoup de personnes ont dressé un bilan de l’exploitation au niveau mondial, des organismes, des scientifiques dont on peut évidemment critiquer les travaux, pour arriver à la conclusion que finalement, on pêche tout partout et qu’une bonne partie des stocks est surexploitée. Partons de ce bilan-là. Mais pour cela, il faut déjà l’accepter. Quand vous dîtes qu’on est en train de diminuer le nombre de bateaux, c’est vrai, mais, dans le même temps, les bateaux augmentent sans cesse leur puissance de pêche. Le résultat c’est qu’on est toujours en sur-capacité de pêche. C’est un bilan qu’il faut tirer. Après il y a certainement beaucoup de mesures à prendre, mais il ne faut pas refuser le constat que nous sommes dans une situation grave que ce soit au niveau de l’exploitation ou du changement climatique.
Mis à jour le 03 mars 2010 à 11:52