2001 : Internet, la substantifique toile : science en jeu et jeu de pouvoirs ? > TR 2 : Conditions techniques, juridiques, culturelles et économiques pour une communication équitable sur le réseau >
Discours de Valentin Lacambre : Liberté ou illusion de la liberté ?Discours de Valentin Lacambre : Liberté ou illusion de la liberté ?
Défenseur de l'Internet non marchand, Créateur de l'association Gitoyen
Biographie :
LACAMBRE ValentinCompte rendu :
Transcription :
19 octobre 2001 TR2
Discours de Valentin Lacambre
Internet présente une nouveauté par rapport aux médias traditionnels, d'où les questionnements juridiques actuels. C’est que le récepteur est un émetteur (le poste de consultation permet aussi d’émettre) ce qui n’était pas le cas pour le journal, la radio, ou la télévision. Tous les médias étaient jusqu’alors à sens unique, délivrant une information. Par un formatage de la société, la communication reste le fait du groupe de presse et il n’a jamais été question pour le public de pouvoir lui-même s’exprimer. Mais aujourd'hui la possibilité d’expression, le droit à la parole de l'émetteur-récepteur est à prendre en compte à travers les mentalités autant que dans la loi. La législation doit s’attacher à protéger tous les aspects de la citoyenneté, de la République, parmi lesquels figure ce droit à la parole, garanti par la Constitution, et qui existe sur ce nouveau média.
Communication équitable : une question technique, économique et politique
La communication équitable, c’est le fait que le citoyen puisse aujourd'hui répondre sur un média. En parler, c'est parler d’accès au réseau, pour tous, sur l’ensemble du territoire (ce qui n’est pas le cas aujourd'hui) pour permettre à chacun d'avoir cette position d'émetteur. Avec une technologie à haut débit comme l’ADSL (Asymetric Digital Subscribe Line), on reçoit l’information plus vite qu’on ne peut l’émettre : on ne peut pas émettre le contenu que l’on reçoit. La volonté des opérateurs de télécommunications est de faire en sorte que le récepteur ne puisse plus émettre pour des raisons techniques mais aussi symboliques, économiques et politiques. C'est aussi vrai pour le câble à Paris. Encore une fois, vous pouvez être récepteur, mais vous ne pouvez plus être émetteur.
Aménagement du territoire, asymétrie et service public
Le développement de l’Internet se fait de façon libérale en France : l’État n’est aucunement intervenu. Comparons cela au schéma autoroutier. Alors qu'il ne laisserait pas les entreprises privées installer des autoroutes n’importe où, parce qu'elles les installeraient toujours aux mêmes endroits rentables, et que la capillarité du territoire ne serait pas assurée, l'Etat laisse faire en ce qui concerne le maillage Internet. On a du haut débit dans les grandes villes mais rien en dehors ! Il n’y a pas de schéma d’aménagement du territoire pris en charge par l’État. Ce laisser-faire vient d'une méfiance vis-à-vis de l’Internet et de la position d'émetteur-récepteur qu'il nous offre ; d'où les positions législatives purement répressives. Je suis ravi aujourd'hui que le discours change et qu’on entende que la répression n’est pas la seule priorité, qu’il y a des choses à protéger dans l’Internet. Peut-être va-t-on aller vers quelque chose de plus équitable en terme de disponibilité d’Internet sur le territoire.
J’aurais une question pour les représentants de France Télécom : en terme d’équité, on parle beaucoup de l’accès forfaitaire à Internet sur le territoire. Aujourd'hui, si on n’a pas d’ADSL, on va payer 15 F de l’heure, avec un téléphone pour utiliser Internet. Il est alors difficile de se connecter longtemps et correctement. France Télécom fait de l’accès ADSL à 300 F par mois et prétend ne pas pouvoir faire de l’accès forfaitaire par le téléphone. Elle propose 30 kg bits pour 200 F ; 500 kg bits pour 300 F.
France Télécom a t-il pour objectif de fournir une capillarité du territoire en terme de télécommunication dans une optique de citoyenneté ?
Mis à jour le 04 février 2008 à 11:24