EXTRAIT DU COMPTE-RENDU
Conférence du 10 juillet 2007
L’ARMEE REFLECHIT SUR SON ENGAGEMENT ENVIRONNEMENTAL
Quel engagement environnemental pour l’armée ?
Le 10 juillet dernier, l’IHEDN a accueilli à l’Ecole Militaire, la première conférence Défense et Environnement : une nouvelle manière de penser, organisée par 3B Conseils. A partir des constats et des pistes proposées par le croisement des compétences et des disciplines, les participants ont appelé à une "nouvelle manière de penser" les rapports entre la Défense et l’Environnement.
Stéphane Fort (France Inter) et Thierry Garcin (France Culture) ont respectivement animé les deux tables rondes, tandis que le Pr. Christian Buchet, historien (chroniqueur sur Europe 1), a tiré les conclusions.
Le Vice-amiral d’Escadre François Dupont, Directeur de l’Institut des hautes études de défense nationale, a rappelé le rôle de l'IHEDN. "Depuis 70 ans, l’Institut s’efforce de braquer son intelligence sur les grandes problématiques de ce monde. Celle qui nous réunit n’est pas simple, mais elle est centrale, et les débats, sans apporter de réponse toute faite, nous éclaireront sur les points saillants de ce couple inédit Défense et Environnement…".
L’Amiral Alain Oudot de Dainville, Chef d’Etat-major de la Marine, a décrit l’attachement des marins à ce milieu, dont l’importance ne fait que croître pour l’économie et l’environnement. Le XXI° siècle verra les populations continuer à se rapprocher du littoral, exerçant sur cet espace fragile des pressions de plus en plus fortes. Il a rappelé que "la pollution maritime est d’origine tellurique à plus de 70%".
Il a aussi souligné combien, désormais, le respect de la nature influence l’action de la marine et des professionnels de la mer. Les mesures en faveur des navires -le passeport vert, le processus de déconstruction, la prise en compte des normes MARPOL, la limitation des installations Halon par l’OMI, les nouvelles peintures de carène, le tri des déchets à bord, les séparateurs eaux de cales…- ont amené la Marine à intégrer des contraintes à la fois techniques, humaines et financières.
C’est dans cette optique que des partenariats avec des industriels comme DCNS, des associations et des communautés riveraines, ainsi que des agences de bassin (contrats de baie) ont été engagés. Cependant, ce respect de l’environnement engendre parfois des conflits d’usage car il s’oppose directement à la mise en œuvre de capacités opérationnelles. Il en est ainsi de l’utilisation des sonars actifs face à la protection des cétacés.
Des mesures ont également été prises pour les installations à terre. On peut citer la prise en compte des normes HQE pour les constructions neuves (50% en 2008) et le respect de normes plus contraignantes pour les ICPE, mais aussi la politique d’économie d’énergie et de l’eau (diminution de la consommation de 10% d’ici 2010) ou la diminution des gênes sonores.
L’action de la Marine repose sur la protection et la préservation du milieu maritime. Nous sommes entrés dans une "ère" vertueuse, au sein de laquelle les océans restent le seul bien commun de l’Humanité. La France, avec son empreinte maritime vingt fois plus importante que son empreinte terrestre, a des devoirs pour sa protection, qui sont proportionnels aux avantages qu’elle en tire. La Marine y participe en se faisant le garant du respect des règlements. Elle y contribue avec une démarche de préservation de l’avenir pour ses propres équipements et installations. Elle mène ainsi une politique ambitieuse dans ses objectifs, et pragmatique dans la réalisation de ces derniers.
LE PARADOXE DEFENSE ET ENVIRONNEMENT
François Ewald, philosophe et membre de la Commission Yves Coppens pour la rédaction de la Charte de l’Environnement, a soulevé le paradoxe entre défense et environnement. Un paradoxe qui n’est qu’apparent, puisque l’environnement est au cœur de la stratégie (accès aux ressources, préservation de celles-ci, protection des réfugiés environnementaux…). C’est une nouvelle manière de penser qui s’impose depuis l’intégration de la constante environnementale dans le rôle et l’action des armées. Comment ces dernières y répondent-elles, et comment doivent-elles envisager l’avenir de leur stratégie ?
Laurent Teisseire... Stéphane Fort... M. le Ministre Hervé Morin...
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BIODIVERSITE, AMENAGEMENT URBAIN, PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT ET ECONOMIES D’ENERGIE
Pascal Vautier, Président de la Fédération des conservatoires d’espaces naturels, a témoigné de l’importance de la convention Natura 2000 qui permet "une gestion écologique conjointe entre les conservatoires d’espaces naturels et l’autorité militaire" pour les 42000 hectares des camps militaires de Canjuers, Montmorillon, Valbonne, et Avon. En plus de dix années de coopération, un large éventail d’actions a ainsi pu se mettre en place.
Michel Morvan... Yvon Bonnot... Pr. Christian Buchet... ICA Jacques Cousquer... Bernard Planchais...
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UN ROLE CROISSANT CONTRE LA POLLUTION DES MERS
Les questions d’environnement ne relèvent pas pour les armées d’un simple désir de répondre à un phénomène de mode ou à des exigences marginales. Elles transforment profondément la structure d’organisation. Cependant, les armées doivent rester réactives et attentives aux questions posées par l’actualité, qui sensibilisent l’opinion. Elles doivent apporter des réponses claires et rapides. A titre d’exemple, la coque Q790 (ex-Clemenceau) a mis l’accent sur l’importance de prévoir, dès la mise en chantier d’un bâtiment, son démantèlement à terme.
IGA Xavier Lebacq... Pr. Christian Buchet... Jean-Paul Hellequin...
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L’ENVIRONNEMENT COMME ELEMENT STRATEGIQUE
La longue période de paix que vit l’Hexagone ne saurait faire oublier que l’armée est faite pour faire la guerre, et que celle-ci n’épargne guère la nature. Celle-ci est au cœur des stratégies de Défense, comme l’explique François Ewald à travers une analyse de l’histoire militaire. L’ouvrage de Clausewitz consacré à l’étude de la guerre rappelle que "toute activité militaire passe par la connaissance la plus précise possible de l’environnement", à travers le territoire, le terrain, le théâtre des opérations. La géographie est un produit de l’activité militaire, et en tant que tel, "sert d’abord à faire la guerre". Rares sont les conflits qui n’ont pas de conséquences sur l’environnement.
Laurent Teisseire... Thierry Garcin... Colonel Bernard Metz... Général Carlo Magrassi...
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VERS UNE NOUVELLE APPROCHE ENVIRONNEMENTALE DE LA STRATEGIE FACE AU DROIT ?
Entre objectifs à atteindre et respect d'une charte pour la protection de l'environnement, la Défense doit mieux appréhender ses rapports à l'environnement en l'incluant comme une composante essentielle de son action. En la matière, la différence est parfois ténue entre les destructions inévitables et les actes gratuits et inutiles. Les résolutions du Conseil de Sécurité des Nations Unies commencent à prendre en compte les atteintes délibérées à l'environnement et à les condamner : "la première résolution allant dans ce sens date de 1988, et concerne les pollutions répétées du Golfe persique du fait de la guerre entre l'Iran et l'Irak", rappelle Alain Piquemal, Professeur de Droit international à l'Université de Nice - Sophia Antipolis, "mais c'est la destruction des puits de pétrole du Koweit par l'Irak en 1991, qui représente la première condamnation d'un Etat à réparer les dommages qui n'avaient aucune utilité stratégique".
Pr. Michel Ricard... Pr. Robert McLeman...
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